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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 15:13

salon-livre-woippy-2013.jpgLes 16 et 17 novembre 2013, s'est déroulé le Salon du Livre d'Histoire à Woippy.

A cette occasion, le Groupe d'Histoire Locale de Hagondange a présenté ses publications à un stand commun avec le Club Marangeois d'Histoire Locale.

Les livres présentés étaient "Hagondange et ses rues" et "Les Commerces de Hagondange" de Christine et Innocent BORRI ainsi que le dernier né, "Le Temple réformé de Hagondange" de Sylvie REICH.

Ces parutions sont toujours disponibles à notre local pour les personnes qui désireraient les acheter.

La permanence du stand du GHLH au salon du livre de Woippy a été tenue conjointement par Sylvie REICH, Joëlle LOMBARD et Jean-François JACQUES.

Rendez vous l'année prochaine....

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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 17:59

 

     Le centenaire du Temple Protestant de Hagondange.

 

pub-journee-patrimoine-2013-001.jpg

 

Art RL Journee Patrimone 

Au cours de la visite du Temple, Jean Tessaro, un passionné de la nature, a fourni aux participants des explications concernant les arbres qui entourent l'édifice.

Certains ont un âge et une taille tout à fait respectables.

Il faut également signaler la sympathique initiative de Jean et de son épouse Christiane qui, au cours de la belle saison ont cueilli diverses baies et fruits près du Temple....

et ont confectionné de délicieuses gelées. Ils les ont fait déguster aux visiteurs lors du goûter servi  dans le foyer.

Patrimoine-2013-Tessaro.jpg

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:30

 

 À l’occasion du Salon du Livre d’Histoire à Woippy, lors d’une de ses conférence, Thierry Lentz, enfant d’Hagondange, Directeur de la Fondation Napoléon à Paris, a eu la gentillesse de confier à notre présidente Sylvie Reich, un de ses manuscrits.

Il s’agit d’un nouveau témoignage remontant à son enfance : le passage d’un autre grand de ce siècle en notre petite ville : le général Charles de Gaulle.

Mais laissons la parole au spécialiste de l’histoire du 1er Empire, avec sans aucun doute, au fond de lui, un rapprochement profond sur la notoriété et la grandeur de deux grands hommes de l’histoire de France.

                                                             

 

                                        De Gaulle à Hagondange

 

 

            La petite foule marchait à travers champs. On se pressait, en famille, vers le talus qu’on apercevait au loin. Dans moins de deux heures, on allait Le voir. Le journal était précis : Il passerait à trois heures et quart.

            On allait Le voir. Peut-être même le toucher.

            De Gaulle !

            Il arrivait dans son uniforme kaki. Il était grand. Il avait sauvé la France, comme nous l’avait dit le maître (d’école) dans un cours de morale spécial. Il avait dit : « non », et nous le savions déjà, bien avant qu’un spectacle formidable le désigne justement comme « l’homme qui a dit non ». Mon grand-père, qui nous racontait souvent l’avoir bien connu (il avait même ciré ses bottes, nous disait-il, lorsqu’ils servaient ensemble sur la Ligne Maginot), ne l’appelait que le Grand Charles. Eh bien, aujourd’hui, le Grand Charles qui avait dit « non », passait par Hagondange !

            Il allait donner vie à l’autoroute… et la foule (dont j’étais) allait à son tour toucher à l’Histoire du monde en côtoyant le héros mondial.

            Oh, bien sûr, toute la ville n’était pas là. La municipalité s’abstenait de paraître à la communion nationale et communale. Comme d’habitude. « Il n’y a rien de bon à attendre des bolcheviques », avait conclu mon grand-père qui, à présent, allongeait le pas. Il ne voulait pas être en retard pour ses retrouvailles avec le Grand Charles.

            On venait de traverser les petits ruisseaux puants qui coulaient au milieu des cultures. Leurs eaux était chaudes et noires, mélange de rejets des usines et d’égouts ici en plein air en plein air. À deux kilomètres de là, le tout se jetait en tourbillonnant dans le Canal des Mines de Fer de la Moselle.

            Quelques enjambées encore, et la foule tricolore fut à pied d’œuvre au bord de l’autoroute. Visages familiers et respectés, les policiers de la ville, gantés de blanc, formaient un cordon distendu, bon enfant mais dissuasif. On ne badinait pas avec la République en ce temps-là, même si elle souriait souvent à ses enfants.

 

*

**

           

Ici, la République aurait pu compter ses enfants. Ils étaient presque tous là. Les bolcheviques boudaient, c’était leur rôle, aussi on ne leur en voulait pas. Mais il n’y avait pas que les rouges à être restés chez eux. En battant du pied la terre du talus, en rattrapant les enfants qui s’égayaient au risque de perdre leur place dans les premiers rangs, les républicains présents commentaient ce qu’ils avaient vu, tout à l’heure, en passant sur la grand'route. À un balcon, un alignement de pots de fleurs, devant des volets clos et, sur chaque pot, une feuille de papier à dessin avec une grosse lettre dessus. Le tout donnait : A.L.G.E.R.I.E. F.R.A.N.C.A.I.S.E.. de gaulle ds

Nous, les plus jeunes, nous n’avions rien compris. Mais les parents en parlaient. Quelques-uns grognaient : cette vieille histoire de l’Algérie s’était achevée l’année dernière et il ne servait à rien d’en discuter encore. Quelques autres admiraient cependant : il fallait tout de même avoir un certain cran pour afficher ainsi ses convictions à la face même du Général qui allait passer à moins de deux kilomètres de là.

 

*

**

 

Mais bien vite, on ne parla plus du balcon. D’ailleurs, en ces temps somme toute un peu troublés, comme les temps ont changé ! La police, même débonnaire et composée de visages familiers, vous fichait pour moins que ça. Et puis, ça n’était pas le jour ni l’heure. Il arrivait et il avait réglé pour de bon la question algérienne. L’Algérie, c’était loin. Mieux valait l’oublier.

Alors, tout à l’heure, on acclamerait de Gaulle, débout dans sa D.S., les bras décrivant un V parfait dans notre beau ciel bleu de Lorraine.

Il aurait dû passer ici depuis trois quarts d’heure. On commençait sérieusement à trouver le temps long. On prenait de moins en moins son mal en patience. Qui a dit que l’Histoire n’attend pas ?

Alors, on parlait de l’autoroute. De ce qu’elle allait changer dans notre vie quotidienne. On débattait sur ce qui avait été le plus important de l’ouverture du Prisunic en centre-ville ou de cette nouvelle voie, si rapide qu’on mettrait une demi-heure pour aller à Metz, à pas moins de seize kilomètres de Hagondange.

À condition bien sûr de posséder une auto.

Et tout cela, c’était grâce à de Gaulle, le Grand Charles qui allait le premier, c’était bien le moins, réaliser cet exploit des temps (enfin) modernes.

 

À propos de de Gaulle, il n’arrivait toujours pas. Sans doute était-il occupé à saluer la foule, à serrer généreusement des mains, quelque part entre Maizières-les-Metz et Talange. C’était tout lui, ça. Mondial et si près du peuple. Allez, il y en aurait pour tout le monde. Et si le Général avait décidé de saluer justement tout le monde, ce serait tout à l’heure nos mains que, paternel, il prendrait dans les siennes.

 

Il était quatre heures et demi lorsque le foule soudain se raidit. Il se passait quelque chose. Pointe de pieds et cou tendus. On entendait les vrombissements de motos. Et en effet, deux motards passèrent en trombe. Puis une D.S. noire. Puis d’autres motards et encore une demi-douzaine de D.S.. Comme on pouvait rouler vite sur la nouvelle autoroute !

Puis, plus rien.

Le général de Gaulle venait de passer à Hagondange. À 120 kilomètres à l’heure au moins. Nous n’avons jamais su dans quelle D.S. il se trouvait.

Ni si tante Yvonne était avec lui.

 

                                                              Thierry LENTZ

 

Cinquantenaire du passage du

Général de Gaulle à Hagondange.

 

 

Nous voici en présence d’un témoignage très intéressant quant à l’aspect historique de l’évènement. Il sera notre point de départ à une enquête plus approfondie afin de reconstituer le contexte historique de l’évènement.

 

Le sujet, quelque peu sensible vu la proximité temporelle du fait, fidèle et respectueux à notre charte déontologique de ne jamais entrer dans des considérations politiques, nous resterons concentrés uniquement sur le contexte historique de l’évènement.

 

Cet épisode se serait déroulé, d’après le petit garçon, à l’occasion de l’inauguration d’une portion de l’autoroute A31 allant de Metz vers Thionville.

Le 5 septembre 1963, il y eu une première tranche qui fut inaugurée qui s’arrêtait à la sortie « Talange-Hagondange ». Une autre section de cette nouvelle voie rapide devait voir le jour quelques mois après, le 07 décembre 1963 en rejoignant Richemont.

  DG troncon A31

De Gaulle… Le Général pour certains, le Grand Charles pour d’autres, il est sûr que le destin du premier résistant a fait naître dans le cœur de nombre de ses contemporains, une émulsion patriotique sans pareille depuis Vercingétorix.

L’aura que dégageait le symbole de la résistance a fait déplacer des foules depuis la Libération, de même à son accession à la fonction de Président de la République en 1959.

En ce début de décennie des années 60, la popularité du général est à son paroxysme. À Hagondange aussi. Bien que cité ouvrière, avec donc des suffrages plutôt portés vers les idéologies soviétiques, énormément d’habitants avaient encore le souvenir des malheurs de la guerre. Quoiqu’il en soit des valeurs politiques de chacun, le Général était assurément le bras armé de la France libre et de sa liberté retrouvée.

D’autant qu’à Hagondange, il y eut dès les premières heures, des résistants, des prisonniers, des déportés et tant de Malgré-Nous ! Nos concitoyens s’en souvenaient et en étaient reconnaissants à de Gaulle.

Cette fidélité et cette considération n’étaient pas à sens unique, car l’homme de l’appel du 18 juin portait réellement notre région dans son cœur. Cette province perdue dont sa mère lui avait tendrement parlé sera un de ses lieux de combats durant la première guerre mondiale, puis à la seconde. Cette terre de souffrances portera encore longtemps les stigmates de la guerre et il y sera affecté lorsqu’il sera à la tête de son unité de cavalerie à Metz, de 1937 à 1939, au 507e régiment de char. (1)

 507ème reg char

Sa profonde estime envers « les gens de l’Est » s’explique par une similitude de caractère entre cet homme du nord et les Lorrains avec leurs particularités régionales d’hommes peu expansifs, voire presque froids, avec des notions de discipline, de courage, de pondération, de sérieux et surtout de fidélité.

Il retrouvait dans cette façon d’être des mineurs et ouvriers des usines, les traits de ses compatriotes de son nord natal.

Ainsi, de cet attachement réciproque émergera l’idée symbolique de la Croix de Lorraine comme insigne de la reconquête du territoire national, comme pour sacraliser définitivement cette inclination au « Marches de l’Est ».

Ainsi donc, l’homme qui a dit non, se sera déplacé 16 fois en Lorraine en un demi-siècle de combat, gouvernance et visites officielles et inaugurales. (2)

 

Le témoignage de Thierry Lentz nous recentre plus particulièrement sur notre cité, lors de l’inauguration de cette nouvelle voie autoroutière régionale, l’autoroute A31, enfin, d’après ses lointains souvenirs.

 

Ceci dit, ce n’était pas la première fois qu'il foulait le ban communal, deux ans auparavant, le 2 juillet 1961, en pleine « Affaire algérienne », le Général effectue un voyage officiel en Moselle. Venant de Metz, le cortège de motards entourant la Simca Présidence et de sa suite marquera quelques haltes en pays et communes amies. Après Woippy et Maizières-les-Metz où le grand homme sera acclamé et reçu par des officiels et la population, il continuera sa route pleine de gloire en direction de Thionville.de-Gaulle-maizieres-1--2-.jpg

                                1961, Passage triomphal du Général De Gaulle à Maizières les Metz (Collection J-C Jacoby) 

 

En quittant la commune, lui qui avait pour habitude de saluer la foule, debout dans la décapotable spécialement construite pour qu'il puisse se tenir debout dans les défilés, il se rassoira en arrivant aux limites du ban de Hagondange.

  DG itinéraire RL

                      Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

   

Le cortège traversera la ville lentement sur la route de Metz, sans marquer de halte, la municipalité communiste dirigée par M. Paul Lamm ayant refusé de recevoir le général. (2)

Énorme frustration pour nombres des nôtres, corroborée par divers témoignages de sympathisants gaullistes hagondangeois. (3)

Les conflits intérieurs sociopolitiques avaient-ils le droit de bouder un tel évènement ? Chacun a sa conscience, et l’histoire jugera …

 

Deux kilomètres plus loin, dans la commune voisine de Mondelange, le triomphe de de Gaulle reprendra dans une atmosphère patriotique et sympathisante.

de-Gaulle-maizieres-2--2-.jpg  

 Le Général De Gaulle reçu par le Maire de Maizières les Metz, Mr Gustave Barthélémy (Coll. JC Jacoby)

 

Faits corroborés par l’attentive préparation de l’équipe municipale mondelangeoise à l’évènement. En effet, d’après l’article du Républicain Lorrain du 2 juillet 1961, la municipalité de Mondelange invite la population à pavoiser de drapeaux tricolores les habitations de la route de Metz, et organise le déplacement des différentes sociétés participantes à la manifestation, tels que le Souvenir Français, les Sapeurs pompiers et les Anciens Combattants et Victimes de guerre.

  DG Mondelange

                                      Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

Afin de recadrer l’instant historique, il faut se souvenir qu’en janvier 1961, avait eu lieu un référendum concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie. Le 8 janvier 1961, c’est un « Oui franc et massif » que les Lorrains offrent au Général.

À Hagondange, les suffrages sont : 3178 voix pour le Oui avec 1138 pour le Non. (2)

 

S’ensuivra un autre référendum en avril 1962 approuvant le cessez-le-feu en Algérie et les futurs accords d’Evian qui se concluront dans les urnes municipales avec un score écrasant de 4079 voix pour, contre 206 voix contre. (2)

 

Les Hagondangeois avaient exprimés leur désir de paix, de sérénité dans un monde nouveau en pleine expansion.

 

Ainsi, si nous pouvions faire une synthèse de ces évènements qu’étaient les passages du Général de Gaulle en notre commune, c’est sans vergogne que nous pourrions affirmer qu’il en résultait une véritable communion entre le général et la population locale. Hormis le petit « couac » des autorités municipales, il en restera dans les cœurs des témoins des faits, un souvenir impérissable qui passera les décennies pour nous arriver aujourd’hui, un demi-siècle après, en ce témoignage émouvant de ce jeune hagondangeois que fut Thierry Lentz.

 

Revenons au témoignage du petit Thierry Lentz, qui n'a rappelons-le que 5 ans au moment des faits, et essayons de comprendre la chronologie des évènements en engageant une enquête historique.

 

À la vue du récit, il s’en dégage une certaine amertume de ne pas avoir eu droit de voir le général, ni de lui serrer la main à l’occasion d’un de ces bains de foule qu’affectionnait le grand Homme. Ce regret fut amplifié par la vue de ce cortège officiel passé à vive allure sur ce tronçon d’autoroute tout fraîchement inauguré.

C’est bien normal, l’information que le garçonnet avait eu : « Le Général passe sur l’autoroute au niveau d’Hagondange pour une inauguration… », N’était pas totalement fausse, simplement mal ciblée. Le bambin avait sélectionné inconsciemment les mots « clefs » : de Gaulle, inauguration et Autoroute !

 

Il ne s’agissait pas du baptême du nouveau tronçon d’autoroute Metz – Richemont, mais d’une autre cérémonie de type et caractère plus européen.

 

Il y avait bien eu une inauguration de cette nouvelle portion d’autoroute Metz-Talange le 6 septembre 1963, cependant le Président Charles de Gaulle n’y a pas assisté. Le baptême de cette nouvelle voie rapide fut fait en présence de personnalités locales et préfectorales, avec un cortège de motocyclistes de la gendarmerie ouvrant officiellement la voie.

 

Mais de quoi parlait donc le petit Thierry ? Quelle méprise s’est infiltrée dans son esprit éclairé ?

La confusion n’était pas énorme, de Gaulle passait bien par Hagondange, il venait bien pour une inauguration, mais c’était à l’occasion de celle de la Moselle canalisée, le 26 mai 1964, par une belle journée de printemps.

 

Ce jour là, le Général de Gaulle se rend à Metz pour l'inauguration de la voie navigable, destiné à faciliter les échanges du coke de la Ruhr, du charbon sarrois et du minerai de fer lorrain et luxembourgeois.

Àl’occasion d'un toast, il prendra la parole à la Préfecture, au cours d'une réception donnée en l'honneur de la Grande-Duchesse de Luxembourg et du Président de la République fédérale d'Allemagne :

 

«  C'est avec joie et avec honneur que nous recevons à Metz Son Altesse Royale Madame la Grande-Duchesse et Monseigneur le prince du Luxembourg, Son Excellence Monsieur le Président de la République fédérale d'Allemagne et Madame Luebke, ainsi que les personnalités qui les accompagnent.

L'inauguration d'aujourd'hui est, à coup sûr, importante pour nos trois pays. Par là même, elle l'est pour l'Europe, à laquelle l'aménagement de la Moselle peut apparaître comme une étape dans celui de ses communications modernes entre sa Mer du Nord et sa Méditerranée.

Je lève mon verre en votre honneur, Madame la Grande-Duchesse, en votre honneur, Monsieur le Président. »

  DG Photo Metz

                                              Photo Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

 

Après le déjeuner rapide, moins d’une heure, le cortège officiel se dirige par la nouvelle autoroute qui ne comprend qu’un tronçon de 18 kilomètres, (nous retrouvons la véritable distance entre Metz et Richemont), puis vers Apach par la nationale, point de départ à la véritable inauguration de la canalisation de la Moselle. Les trois chefs d’État seront acclamés tout au long du trajet de 50 km qui séparent Metz de la frontière triangulaire d’Apach. Le voyage qui aurait dû être fait en une trentaine de minutes, se trouvera souvent ralenti par la population en liesse et arrivera avec une vingtaine de minutes en retard. (2)

 

Ce sera à ce moment que les trois Chefs d’États qu’étaient, le général de Gaulle, le président Luebke pour la République Fédérale d’Allemagne et la grande Duchesse Charlotte du Luxembourg prendront place à bord de la péniche « Strasbourg » afin d’immortaliser cet acte symbolique et majeur dans l’histoire et l’avenir de cette zone des 3 frontières.

 DG inaug canal moselle

Ci-contre, la péniche le « Strasbourg » avec en proue du navire, les trois Chefs d'États et les trois drapeaux français, luxembourgeois et allemand.

 

En conclusion, il n’y aura jamais eu de visite du général de Gaulle proprement dite à Hagondange, uniquement deux passages furtifs :

 

Le premier durant une visite présidentielle en Lorraine avec un passage bien controversé route de Metz. Après avoir été acclamé à Woippy, Maizières-les-Metz et Talange, il marquera sa réprobation envers notre municipalité en traversant Hagondange, assis dans la voiture, laissant transpirer quand même un salut fraternel aux gaullistes hagondangeois, en parcourant la ville à petite allure.

 

Le second lors de l’inauguration de la Moselle canalisée d’Apach à Trèves, le général passera sur l’autoroute A31 au niveau de Hagondange, fait remémoré par Thierry Lentz. Les multiples DS officielles dont le narrateur nous aura fait part, auront été celles de de Gaulle, du Président Luebke de la RFA, celles de la Grande Duchesse Charlotte du Luxembourg et leurs suites.

 

*

**

 

Deux petites anecdotes sans rapport avec Hagondange pourraient être racontées puisqu’elles ont un petit rapport avec ces deux passages du Général à Hagondange.

 

La première s’avèrera être une véritable farce : lors de sa première visite officielle en Lorraine, en juillet 1961, mille personnalités de Metz et du département furent invitées à un cocktail en l’honneur du premier des français. En vérité, il s’agira d’un véritable canular puisque les autorités préfectorales n’ont jamais émis ce type de festivité.

Après s’être présentés aux portes de la préfecture de Metz, nombres de notables mosellans ont dû rebrousser chemin suite aux explications d’un des représentants de la préfecture. Leurs laissez-passer étaient des faux, et l’affaire était une véritable tromperie pour laquelle les services de police enquêteraient. 

Un ou plusieurs plaisantins avaient réussi à mettre en émoi quelques dignitaires !                             DG cocktail

                       Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961 .       

 

La seconde se déroulera à Trèves lors de la cérémonie d’inauguration de la Moselle canalisée. Les services secrets allemands préviennent le Président Luebke qu’il pourrait y avoir une tentative d’attentat sur le parcours des trois autorités. De suite, le premier des Allemands veut faire intervenir la Luftwaffe, mais n’ayant pas l’autorisation de l’OTAN qui reste maître décisionnaire quant à tout mouvement de l’armée allemande, et ceci depuis la fin de la guerre, le Général de Gaulle prend l’initiative et ordonne à l’aviation française d’intervenir pour la protection des trois pouvoirs exécutifs.

 

                                                                                    Jean-François JACQUES

 

Sources :

 

(1) Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Plon

(2) Paul Zing, De Gaulle en Lorraine, Histoire d’une fidélité, p18, p302, p389, p396.

(3) Témoignages Lucien Jacques, Suzy Maire et Jean-Claude Jacoby 

(4) Archives Départementales de la Moselle, 779PRJ1961/7, 779PRJ1963/9

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 18:33

Repas de l’amitié

 

Samedi 20 juillet, les membres et amis du Groupe d’Histoire Locale de Hagondange se sont retrouvés autour d’un repas de l’amitié marquant le début des vacances.

 

Ce petit interlude gastronomique s’est déroulé au « Chalet Chrisca » dans le cadre idyllique de la Ballastière.


Un repos d’un mois bien mérité pour ces passionnés d’histoire qui ont œuvré toute l’année dans le but de pérenniser l’histoire locale de Hagondange.

 

  P1000059--1-.JPG

                                          Photo Innocent BORRI 20/07/2013

 

Une année imprégnée de nombreux articles et travaux d’étude dans des buts de conférences, préparation de la journée du patrimoine, d’expositions et de publications numériques. En prime, une collaboration prochaine avec les Archives Départementales de la Moselle dans le cadre d’une exposition sur la Libération de la Moselle.

 

Bonnes vacances à tous…..

 

Historiquement vôtre !

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 15:44
    
  

 

 

                      Macadam' Jeunesse ….à Hagondange…

Macadam’ Jeunesse est un projet du Conseil Général pour favoriser l'engagement et l'autonomie des jeunes Mosellans et pour soutenir tous les acteurs qui les accompagnent dans cette étape de leur vie essentielle pour leur avenir. Une intention qui favorise l'implication et la créativité des jeunes en leur réservant des espaces d'expression et l'accès à des pratiques sportives, artistiques et culturelles.
La ville de Hagondange, comme plus de 110 communes mosellanes, a été partie prenante dans cette initiative.
Le 11 juillet 2013, cette volonté s'est déroulée sous l’égide de trois personnalités bénévoles de Hagondange : M. et Mme BORRI pour le Groupe d’Histoire locale et M. TESSARO pour l’arboretum.
À la demande de la municipalité, le site choisi pour cette année a été l’étang de la Ballastière, endroit particulièrement étudié par nos intervenants, tant sur son histoire et sa genèse, que sur sa flore et sa faune.
Interprété à la fois en promenade instructive et ludique autour de l’étang, ce circuit a été commenté par étapes successives au niveau de la faune, de la flore et des différents genres d'arbres par M. Jean TESSARO, et quand la halte amenait des informations historiques, c’était le couple Innocent et Christine BORRI qui prenait le relais.

Ainsi, ce sont en neufs étapes que s'est déroulée cette petite escapade autour du plan d’eau municipal. Voici les différentes stations : 

 

   
Assemblée générale pour l'année 2012
 Vendredi 26 avril 2013, le Groupe d'Histoire Locale de Hagondange a tenu son assemblée générale pour l'année 2012.
Une année particulièrement prolifique avec la création d'un Blog en avril 2012, la parution de 6 articles sur ce blog, la création d'une salle d'exposition à l'espace Mémoire de la Ballastière où seront exposés les travaux du GHL et un énorme travail d'archivage dans la salle de réunion.
AG-26-04-2013-001.jpg
Pour tout renseignement, une permanence est tenue tous les lundis de 15h à 18h par les archivistes du groupe d'histoire locale, et réunion de l'ensemble du groupe tous les 2ème mercredi de chaque mois. 
Article_du_Rl_du_1er_mai.jpg 
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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 18:16

La Haute-Borne

 

Actuellement, placé en bordure de la route, à la sortie sud-ouest de Hagondange-Cité, au rond-point reliant le centre thermal d’Amnéville et la cité de Hagondange, notre attention est attirée par la présence d’un monolithe de pierre calcaire.

 borne wilsius 001  

 

Haut de 1,80 mètre et large de 0,60 mètre, il est en pierre jaune grossièrement taillée. Sa face principale ne porte pas d'inscription, mais on peut y remarquer de curieuses rigoles. Vers le bas, on peut constater qu’un grand éclat s’est désolidarisé du bloc. Deux bras très courts lui donnent un peu l'aspect d'une croix, avec la christianisation de la région, le monolithe a-t-il été retaillé ?

 

On peut supposer qu'il s'agit d'une borne milliaire romaine, elles étaient placées le long des routes, tous les mille pas, soit 1481 mètres.

Il peut s'agir d'une borne leugaire celte. À partir d'Adrien IIe siècle, elles étaient implantées toutes les lieues gauloises, soit environ 2222 mètres.

 

D’autres hypothèses sont émises par certains historiens et archéologues. Au moyen-âge, elle aurait pu définir la limite de bans communaux ou de fiefs.

 

Elle pourrait également être une borne cultuelle ayant un rapport avec un lieu sacré se trouvant au sommet de la Côte de Drince, où les premières installations humaines dateraient du Néolithique (5000 ans avant J.C.). Les vestiges d'un oppidum remarquable demeurent visibles et attestent la présence dans la région du peuple celte, les Médiomatriques (environ IIIe siècle).

 

Situons d'abord le contexte routier au cours des premiers siècles et remontons à l'époque de l'occupation romaine en Gaule.

 

Le réseau routier romain reprend l'ancien et rudimentaire réseau routier gaulois en l'aménageant. Metz, appelée à l'époque Divodurum, capitale des Médiomatriques, est le carrefour de routes régionales et interrégionales importantes.

 

Metz est à la croisée des deux plus importantes chaussées de l'Est gaulois : l'axe sud-nord, Lyon-Trèves (Lugdunum-Augusta-Treverorum) et l'axe ouest-est, Reims-Strasbourg (Durocortorum-Argentoratum).

Outre ces deux axes principaux, le territoire des Médiomatriques est desservi par de nombreuses routes secondaires.

 

La route de Lyon à Trèves, Voie d'Agrippa, reliant la Méditerranée au Rhin, arrive à Metz après avoir traversé Toul, Dieulouard (Scarpone). Elle entre par Montigny, actuelle rue Franiatte, puis dans la ville par la rue du XXè Corps américain. En entrant dans la cité, elle donne son nom à la rue Serpenoise (via Scarpone) et c’est à l’intersection des rues Taison et Fournirue qu’elle croise l’autre voie romaine qui relie Reims à Mayence.

 

Au-delà de la ville, elle se dédouble en deux voies de part et d'autre de la Moselle, pour rejoindre Trèves.

Dans notre secteur, soit par la rive gauche de la Moselle, en 220 après J.-C., la route romaine quitte Metz, se dirige vers Woippy, Maizières-les-Metz, longe les friches de l'ancienne usine UCPMI où elle porte encore de nos jours l'appellation Voie Romaine (route départementale D112 E), puis s'enfonce dans le bois de Coulange et réapparaît à Amnéville où l'artère principale est désignée Rue des Romains. Elle franchit ensuite l'Orne.

 

Au début des années 1930, des investigations ont lieu entre Boussange et Amnéville. Les anciens habitants de Boussange connaissaient l'existence de pilots dans le lit de la rivière, à l'endroit où aboutit la voie romaine. La sécheresse exceptionnelle qui règne cet été là, favorise les investigations et on trouve trace d'un pilotis qui traverse l'Orne en diagonale. Il se compose de 10 à 12 rangées de pilots en chêne espacés d'environ 0, 50 mètre.

De grosses pierres rapportées d'ailleurs (à Boussange-Amnéville on n'en trouve pas) emplissent les intervalles. Le barrage a environ 5 mètres de large, jadis il devait en avoir davantage. Les crues de l'Orne ont emporté les pierres et appointé les pilots. A en juger par la partie conservée près du rivage d'Amnéville, ce barrage pouvait avoir 1 mètre de hauteur (1).

 barage de l'orne 001

 

 

 

Toute trace de cette construction disparaît lors des travaux de détournement de l'Orne, travaux entrepris par Sacilor en 1967-1968.

 

 

    voie romaine borri 001 

 

La route romaine atteint ensuite Boussange, contourne Thionville, puis rejoint Trèves par Dalheim au Luxembourg.

C'est une route commerciale Méditerranée-Rhin et une route stratégique, liaison avec la zone militaire rhénane.

La route ouest-est, Reims-Strasbourg, arrive à Metz par Verdun et continue par Peltre, Delme, Sarrebourg et Saverne.

Une autre route double la précédente vers le Rhin et le Palatinat par Sarrebruck, Worms et Mayence.

D'autres routes rejoignent la Meurthe et la Sarre Moyenne.

Ces chaussées romaines ont été retrouvées lors de fouilles, principalement dans Metz, ou sont visibles sur des sites non bâtis. Ces différents itinéraires routiers sont jalonnés de bornes milliaires, de vestiges de monuments ou d'ateliers gallo-romains.

Certains vestiges ont été découverts à Hagondange au cours de fouilles. En 1909, on découvre trois représentations en pierre de la Déesse Epona, elles sont déposées au musée de Metz (2). Un bâtiment en bois, couvert de tuiles, contenait de menus objets : hipposandale en cuir (sorte de chaussure de protection des sabots de chevaux, attachée par des lanières), une fibule en bronze et quatre monnaies des IIe et IIIè siècles.

     

 

epona 001 

 

Cette représentation d'Epona se trouve au musée de Metz

 

Mais revenons à la Haute-Borne. Il semblerait que le monolithe était tout d'abord placé à un croisement de routes importantes : " Voie Romaine" et "Chemin du bois" venant de Mondelange et conduisant à la Côte de Drince, par la forêt de Mondelange, la Tuilerie (près de Pierrevillers) et la ferme de Ramonville.

 

 

     emplacement borne 001

 

Il existerait un ancien plan de cadastre qui nous permettrait de la situer plus précisément, car on peut y voir que le village de Hagondange est relié par le "Chemin du bois" aux lieux-dits "Haute-Borne" et "Kreuzfeld" (Champ de la croix). Ces deux lieux-dits ne voisinent pas avec la Voie Romaine et sont séparés par le lieu-dit "Grand Enclos".

Quand ces terrains ont été achetés pour permettre la construction de l'usine Thyssen et de sa Cité ouvrière,  les parcelles ont été réunies sous un numéro unique nommé "Haute-Borne".

Nous recherchons ce vieux plan depuis un certain temps déjà, mais ne sommes pas parvenus à le retrouver.

 

En définitive, le mystère demeure quant à l'âge et l'origine de la borne. Diverses hypothèses ont été émises, mais à ce jour il n'existe aucune preuve scientifique ou historique se rapportant à sa fonction et à sa genèse. Quatre théories sont en présence : c'est une borne milliaire romaine, une borne leugaire celte, une borne à connotation religieuse ou une borne limitrophe de ban communal ou seigneurial.

Voyons ces différentes versions et essayons de les analyser.

 

Une borne milliaire.

Comme nous l'avons déjà indiqué, à l'époque romaine, une borne milliaire est une pierre de forme cylindrique, installée tous les mille pas, ce qui représente environ 1481 mètres. Le voyageur, le marchand ou le légionnaire peuvent ainsi avoir des repères durant leur périple. Des indications sont gravées sur les bornes, elles donnent les valeurs de distance en chiffre, ainsi que le nom de l'empereur qui a fait entreprendre les travaux routiers.

 

Cette hypothèse pourrait parfaitement être plausible étant donné que la parcelle de terrain initiale où se trouvait ce monolithe faisait partie du ban de Mondelange avant l’industrialisation du secteur et le rachat par la commune de Hagondange.

Mr Albert WAKERMANN le fait bien remarquer dans son ouvrage sur l’histoire de Mondelange (9).

 

Dans l’inventaire des fouilles archéologiques établi par Marcel LUTZ dans « La Moselle Gallo-Romaine », il est précisé qu’à l’occasion de travaux de dragage dans les immenses dépôts de sables et de gravier de la Moselle, haut de plus de 6 mètres, sous une couche arable de plus d’1,60 m, on recueillit de nombreux objets dont certains de l’époque gallo-romaine.  Parmi eux, un fragment pouvant provenir d’une borne milliaire et portant ces inscriptions : GALERIO // MAXIMIN // IN // AI.  (12)

 maximin2-daia

L’information sera corroborée par le professeur DEMAROLLE, auteur d’une étude sur les voies romaines (10). Cette dernière, apporte une information importante quant à la datation d’une borne mondelangeoise. En effet, dans le volume XVII du « Corpus Inscriptionum Latinarum »  il est répertoriée une borne romaine à Mondelange datant du règne de Maximus Gaia. (11)

Cela situerait la borne au IVème siècle de notre ère.

 

Cependant, à ce stade des recherches, il est impossible de certifier que ce fragment de borne  mondelangeoise faisait parti intégrante de notre Haute-Borne. D’autant que, ce fragment a été retrouvé dans l’ancien lit de la Moselle. S’il est vrai que les monolithes de l’époque romaine furent largement réutilisés au cours des siècles suivant, compte tenu des besoins domestiques des habitants, il n’y a qu’une étude et analyse géologique de la texture de la pierre qui pourrait prouver l’identification des deux parties.

 Le fragment portant ces inscriptions, aurait parfaitement pu être amené là par le courant et provenir d’un secteur plus en amont vers Metz ou être utilisé et déplacé par la main de l’homme.

 

Une borne leugaire

Elle a la même fonction que la borne milliaire avec cependant une autre unité de mesure : la lieue gauloise ou celte, d'une valeur de 2222 mètres environ. Si nous suivons sur une carte, le tracé de la Voie Romaine depuis l'endroit où l'on a découvert la borne  et la localité de Woippy, nous découvrons que 9 kilomètres séparent ces deux points, soit 4 lieues ou 8888 mètres.

Il faut signaler que les bornes leugaires portent également des indications chiffrées et lettrées. Cela nous ramène aux aspérités visibles à la surface de notre borne, elle ressemble étrangement à des coups de burin ou de marteau. A-t-on voulu effacer certaines inscriptions païennes ?

De même, les deux "bras horizontaux " qui tendent à assimiler ce bloc de pierre à une croix ont peut-être été taillés bien plus tard ?

 

Borne cultuelle

Les croisements des routes et les limites territoriales étaient autrefois considérés comme des lieux sacrés. Nos ancêtres y érigeaient des autels, coutume qui se perd après la conversion au christianisme.

Le croisement de Hagondange était certainement d'une importance particulière puisqu'on y a érigé une "Haute-Borne". Le chemin perpendiculaire tombe sur la Côte de Drince où existait un oppidum. Des traces de murs y étaient encore visibles à la fin du XIXe siècle, mais leurs derniers vestiges ont disparu, dégradés peu à peu par les enfants qui selon les dires des habitants de Pierrevillers s'amusaient à faire rouler les pierres en bas du talus.

 

borne a terre 001 

 

La borne à terre, telle que l’a trouvée Raymond JACQUES en 1934. (me : partie manquante)

Photo Maurice NEY.

La "Haute-Borne" est maintenant couchée dans l'herbe, à l'ombre des acacias, en face des cheminées de l'usine. Chaque année, les feuilles mortes la recouvrent et l'enfouissent davantage. Si de pieuses mains ne la relèvent, le jour viendra où la terre l'aura ensevelie (3).

 

Borne limite de ban

« Le Chemin du Bois » parcourait les lieux-dits : « À gauche du chemin du bois », « À droite du chemin du bois » (Section 13 A), « Devant le bois » (Section 14) appartenant à Mondelange.

Les Usines Thyssen s’implantent vers 1911, la Kolonie est construite sur les bans de Hagondange et de Mondelange.

Très rapidement, le rattachement de cette fraction du ban de Mondelange qui compte 1 143 habitants à celui de Hagondange devient nécessaire. Au cours de la délibération du 8 octobre 1911, le Conseil Municipal propose un payement unique de 5 000 Mark à Mondelange.

De longues tractations commencent, alors que se déclare la guerre franco-allemande.

La cession de la Kolonie est officialisée sur ordonnance de Von Dallwitz, Gouverneur impérial en Alsace-Lorraine. Elle entre en vigueur le 1er novembre 1916. Une superficie de 104,38 ha de terrain est cédée à Hagondange.

Ce n’est qu’en 1920, que la Commune de Hagondange verse la somme de 36 788,55 Frs (intérêts compris) (4).

 

croquis Wakermann 001 

 

 

 

La borne se trouvait peut-être à la limite de cette parcelle, mais rien ne le prouve vraiment !

 

Nous dirons donc qu'au Moyen-âge, notre territoire se trouvait au croisement de trois entités : le Pays Messin, le Duché de Lorraine et le Duché de Luxembourg. La Haute-Borne se trouvait à la limite nord du Pays Messin.

 

Dans son livre "Entre Drince et Namblot...Pierrevillers", Jean Claude Jacoby  signale :

« …sur Hagondange lors de l’aménagement du carrefour giratoire, au croisement de la voie avec le haut de la rue Wilson, des traces d’habitat et du mobilier ont été retrouvés. Christianisée, une pierre calcaire, dite la Haute-Borne que les archéologues datent du haut moyen-âge (IVe au Xe siècle) a été dressée en bordure de cet ancien passage. La proximité de la voie romaine ne suffit pas cependant pour affirmer que des constructions existaient déjà sur notre territoire. »

  naudin blog 001

 

 

 La Haute-Borne est la seule borne existant encore dans le Pays Messin. La présence d'autres exemplaires nous aurait permis d'effectuer des comparaisons et d'en tirer des conclusions.

Vers 1950, une équipe de bénévoles restaure la base du monolithe et le déplace en bordure de la route, le mettant bien en évidence.

Au fil des ans et surtout à la suite d'un heurt par un véhicule, en 1989, la Haute-Borne subit de sérieuses dégradations. En 1990, elle est restaurée par les soins de la municipalité de Hagondange et mise en place à quelques mètres de l'endroit précédent.

 

Depuis 1998, la Haute-Borne est adoptée comme emblème par le "Groupe d'Histoire locale de Hagondange».

 blason-de-hagondange.jpg

 

A signaler :

Dans le quatrième quartier des armoiries de la ville de Hagondange figurent la Voie Romaine de Lyon à Trèves et les fers rappelant les forges romaines.

 

"De gueules à trois fers à cheval d'or cloués de sable, deux en chef, un en pointe, à la fasce d'or accostée de deux cotices d'argent."

 

 

 

 

 

 

 

  Borne-face-avant.jpg

 

 

  La borne telle que nous pouvons la voir de nos jours.

   Photo de Innocent Borri ( juin 2002)

 

 

 

 

Explications des repères :

 

1) Texte rédigé par Raymond Jacques. Il a paru en févier 1934 dans "Les Cahiers Lorrains", organe mensuel des Sociétés littéraires, scientifiques et artistiques de Metz et de la Moselle.

 

2) Ces fouilles ont été rapportées par J.B. Keune dans le « Jahrbuch der Gesellschaft für Lothringische Geschichte und Altertumskunde » JB XXII 1910 page 514 et traduites par J.M. Blaising. (Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie).

J.B. Keune, conservateur allemand des Musées de Metz, épigraphiste de renom, est l’auteur d’une série d’articles s’appuyant sur de riches et sérieuses documentations abondamment illustrées, sur les découvertes faites au Sablon, entre 1895 et 1910.

 

3) La divinité Epona paraît d'origine gauloise et on ne constate à Rome nulle trace de son culte avant l'empire.

On trouve des représentations d'Epona dans la partie nord du bassin méditerranéen, en Lorraine, dans les provinces rhénanes d'Allemagne... À partir de la conquête de la Gaule par les Romains, des Gaulois sont incorporés dans les troupes auxiliaires de l'armée romaine. Ces Gaulois, excellents cavaliers, introduisent leur déesse fétiche dans toutes les provinces parcourues par les légions. Epona est donc adorée surtout par les militaires, son culte se localise souvent dans des écuries où l'on place sa statue en bronze, ou en céramique, ou encore son portrait peint. Elle est surtout représentée en cavalière.

Ces représentations sont souvent assez petites, modestes et attestent un culte humble et populaire. Quelques autels et un calendrier permettent de penser que des fêtes locales, aux dates variables selon les régions, lui sont consacrées. Certains lui donnent un rôle en rapport avec la mort, elle serait l'accompagnatrice des âmes. Le cheval est souvent considéré comme l'introducteur de l'âme du défunt dans au-delà. Le culte d'Epona disparaît avec l'avènement du christianisme.

Un détail qu'il ne faut pas oublier, les Romains avaient l'habitude d'enterrer leurs morts le long des routes.

 

4) J.B. Keune 1910, pages 514-515. E.Espérendieu 1913 n° 4449; M. Toussaint 1950 pages 109-110.
M. Lutz 1961 pages 132-133. M. Enskirchen 1999 n° 97, 144 et plan VI n° 47-50.

Texte extrait de "Cartes Archéologiques de la Gaule". Pré-inventaire archéologique publié sous la responsabilité de Michel Provost.

 

5) Texte de Raymond Jacques, paru dans " Les Cahiers Lorrains" qui regroupent : la Société d'histoire et d'archéologie, l'Académie de Metz, la Société des amis des Musées et la Société d'histoire naturelle.

 

6) Texte et carte tirés du livre  "Hagondange et ses Rues" de Guy Ginion, Christine et Innocent Borri.

 

7) L'Austrasie, 1838, page 309 et suivantes : Quelques feuillets d'une chronique messine.

 

8) Loc. cit. pages 317 et 317.

 

(9) « Histoire de Mondelange » d’Albert Wakermann

 

(10) Donner le nom du fascicule sur les voies romaines

 

(11) CIL Corpus Inscriptionum Latinarum Vol. XVII, 2, 539

 

(12) « La Moselle Gallo-Romaine » de Marcel LUTZ page 300

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 15:18
La Légende du  Drakkar

 

Le petit garçon la regarde avec de grands yeux émerveillés, ne sachant pas comment sa grand-mère sait tout cela. Il boit ses paroles, avide de connaître la suite de cette histoire fantastique. L’amour de l’histoire de sa ville a commencé comme ça, une matinée d’été, un jour de grandes vacances dans sa dixième année :

-          « C’est alors que les ouvriers qui creusaient le canal de la Moselle ont découvert un drakkar viking… » lui dit sa grand-mère tout en saupoudrant la tarte aux pommes de cannelle.

 

Le soleil d’été traversait les carreaux de la cuisine, faisant de ses rayons bienfaisants un halo de lumière autour de la silhouette de la mère de son père. Il prêtait toute son attention au récit, sachant qu’elle savait tant de choses, dues à une éducation stricte chez les sœurs. Il saura à son tour le répéter, plus tard, quand il sera grand, ainsi il perpétuera la mémoire et l’histoire de sa ville.

 

Il est des choses qui sont d’un naturel lorsqu’on évoque l’histoire de sa famille ou du lieu auquel on est rattaché. C’est la nature humaine, on a tendance à enjoliver la vérité, à la rendre plus belle, plus brave ou plus attachante. Quoi de plus vrai que son village est le plus beau, que les siens ont le plus souffert ou ont été les plus courageux. Ainsi, le récit d’une bagarre de rue risque de prendre l’image d’une joute de chevaliers !

D’autant que les informations que l’on détient ne sont pas toujours la version originelle, elle a été sans aucun doute, déjà évoquée, améliorée ou voire mal comprise et involontairement déformée.

Ainsi, en histoire, il faut toujours vérifier ses sources, enquêter afin de rester le plus près de la vérité, et de la sorte rapporter une analyse pondérée en écartant toutes connotations affectives.

 

Si nous reprenons les faits historiques, les archéologues ont réellement trouvé des embarcations sur le ban de Hagondange, mais ce n’était pas un drakkar, ce n’étaient que de simples barques.

En effet, M. André BELLARD, conservateur honoraire des Musées de Metz et délégué de la Société Préhistorique française évoquera cette découverte de 1931 sur la commune de Hagondange à l’occasion des travaux pour la réinstallation de la prise d’eau et du bassin de filtration des usines métallurgiques.

Celles-ci étaient à quelques 120 mètres à l’ouest du lit actuel de la Moselle, sur une puissante assise feuilletée de marnes bleues.

Recouverte de plus de 3,50 mètres de sédiments stratifiés présentant une alternance de sables et de graviers.

Nous sommes en présence des terres du lieudit appelé « La Ponte ».

 

Quel est ce lieu-dit ? Jusqu’au début du XVIIIe siècle, la Moselle se séparait au niveau de Talange pour former deux boucles qui se rejoignaient plus au nord, entre Hagondange et Mondelange. Une île ainsi formée, appelée « La Ponte », était cultivée généralement par les laboureurs de Hagondange et appartenait à l’Abbaye Saint-Pierre de Metz.

Boucle-moselle2.jpg

 

 

 

                     Carte G.R.VAUGONDY 1756

 

D’après certains écrits, le bras occidental, le moins important aurait été détourné sur le principal en étant remblayé. La date de suppression de ce bras passant tout près des villages de Hagondange et Talange n’est pas très clairement définie, certains affirment que la Moselle ne coulait plus à proximité du village dès 1720, assurant pour preuve que des dîmes avaient été perçues sur des terres nouvellement défrichées.

 

Cependant, en prenant une carte de 1756 de la Lorraine et du Barrois de Gilles Robert VAUGONDY, on peut constater que les deux boucles y sont représentées.

 

A contrario, l'étude d'une carte Cassini plus récente d’une trentaine d’années permet de constater qu’il n’y a plus d’île de « La Ponte » entre Ay-sur-Moselle et Hagondange.

Il est difficile de mettre en doute la véracité des cartes Cassini puisque leur réalisation a été ordonnée par le roi de France pour des raisons militaires, et elles ont été faites avec un nouveau système de mesures dit « en triangulation ».

Détail Cassini carte Hagondange

 

 

 

                                          Extrait de carte Cassini

 

Ce petit épisode cartographique n’a pour but que de démontrer la situation exacte de l’ancien lit de la Moselle et pourrait nous laisser supposer que l’emplacement des fouilles où furent découvertes ces trois barques pourrait se situer à l’endroit de la boucle qui fut supprimée au XVIIIesiècle.

 

 

À ce propos, André BELLARD affirme qu’aucune d’elles ne put être dégagée des sédiments « au péril des excavatrices dont on sait la douceur de touche ». La législation sur les fouilles archéologiques n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, et les chercheurs n’ont pas eu les moyens de sauver les embarcations.

Cependant, un examen approfondi a eu lieu sur place, laissant à la postérité des données de positionnement et des dimensions. Longues de 12 mètres et larges de 3,02 mètres pour l’une et de 5 mètres par 2,75 pour les autres, les trois barques devaient être amarrées ensemble vu l’emplacement des extrémités de chacune d’elles. Bien que nul vestige d’amarrage ne put être découvert (1).

Les essences de bois dont elles étaient construites étaient pour deux en chêne et pour la troisième en sapin avec contreforts en chêne. Toutes trois chevillées en bois, mais il est à remarquer que la première a livré trois clous fixés dans son bordage, et la deuxième deux.

Quant à la troisième, elle a fourni une côte de mammifère indéterminé et un fragment de crâne de jeune bovidé muni de sa cheville osseuse droite.

Seraient-ce ces vestiges osseux qui ont fait naître cette légende de drakkar viking ? La légende de la grand-mère s’effondre en morceaux, mais aura fait naître un questionnement et un amour inconditionnel pour l’Histoire dans la tête de ce petit garçon !

Cependant, les dires de la grand-mère n’étaient pas tout à fait inexacts. Elle ne faisait que répéter les informations qu’elle avait sans doute lues dans le quotidien local. (2)

Le-messin-1931-001.jpg

 

 

                 Le Messin 4 sept 1931. AD57

 

Dans son éditorial du 5 septembre 1931, le journal régional « Le Messin » affirme dans un article la découverte archéologique :

 

« …Ces temps derniers, les dragueuses, creusant le tronçon du canal devant relier les usines au futur canal de la Moselle, entre Talange et Hagondange, ont mis à jour, non sans l’abimer sérieusement, une espèce de barque ou plutôt un assemblement assez vulgaire de planches et de madriers en forme de bateau. Cette découverte aurait été faite à environ 8 mètres de profondeur. L’embarcation, dont les caractéristiques intéressent au plus haut point nos archéologues mosellans, mesurerait 3 m 60 de largeur sur une longueur de près de 72 mètres, avec un bordage d’à peine 50 centimètres de hauteur. On croit se trouver en présence d’une galère romaine, coulé jadis. Le directeur des travaux, afin de déterminer l’âge de cette rare trouvaille, fait soigneusement procéder au déblaiement… »

 

 

Nous sommes en présence d’un parfait cas de désinformation, pas fait dans un but de nuire ou de mystifier, mais simplement un réel phénomène de controverse dû à la mauvaise écriture de l’article. Le journaliste de l’époque s’est contenté de répéter les  supputations des acteurs du déblaiement sans les vérifier auprès des archéologues ou toutes autres personnes dirigeant ces fouilles. Ces trois petites embarcations s’étaient transformées en galères romaines puis confondues en drakkars vikings.

 

 

 

 

D’autant qu’une galère romaine était un bâtiment muni d’une quille, un navire de fonds profonds alors que sur les rivières et fleuves c’étaient des bateaux à fonds plats pour la plupart. L’interprétation de la grand-mère aurait pu être plausible puisque les drakkars étaient des navires pouvant naviguer aussi bien sur mer qu’en eaux douces des rivières. Inconsciemment son esprit éclairé avait corrigé l'erreur.

 galere-romaine.jpg

Autre paramètre qui pourrait nous faire comprendre la fantaisie du journaliste : les dimensions des embarcations.

Les cotes et mesures prises par les archéologues donnent une longueur de 12 mètres pour 3 mètres de large. Or, si  la largeur est quasiment la même, avec le journaliste ce bateau passe de 12 à 72 mètres de longueur… Le « 1 » de douze n’aurait-il pas été mal transcrit et interprété en « 7 »… ?

 

Ainsi, en histoire ou généalogie, il faut toujours faire attention aux informations émises par un quelconque média et toujours recouper les informations par plusieurs sources de renseignements.

Un récit réel qui s’attache à l’histoire locale de Hagondange et qui aura le mérite de nous mettre en garde quant à la mauvaise information ou à de fausses sources.

 

Ainsi va la recherche historique, hier affirmée, aujourd’hui contestée et modifiée et qui sait….demain réinterprétée avec de nouvelles données que la technologie inédite et récente nous permettra de trouver. L’histoire n’est pas figée et reste évolutive pour se rapprocher au plus près de la vérité, au fil du temps et des nouvelles découvertes.

Ces nouvelles interprétations permettent ainsi de faire perdurer l’histoire à travers les siècles, tout comme la grand-mère a raconté la découverte du drakkar à son petit fils, ce dernier transmet ce récit en y apportant de nouvelles données. Et sans doute que dans des temps futurs, des chercheurs armés de nouvelles technologies nous permettrons d’en connaitre encore plus sur ce sujet. Ainsi va la vie, ainsi va l’histoire….

 

                                                                               Jean-François JACQUES

 

 

Sources :

1)      Bulletin de la Société préhistorique de France, 1959, tome 56, N. 3-4.
 2)   AD57, Journal « Le Messin » 6T48-93
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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 18:01
De l’Oural à l’Orne via l’espace

 

 

Elle le sert dans ses bras son petit, le protégeant tant du vent que de la foule. En ce 30 septembre 1967, la ville de Hagondange a sorti son habit de fête pour accueillir ce héros des temps modernes : Youri GAGARINE

 

 

 

gagarine 2

 

 

La rue Joseph STALINE, appelée toujours rue de la Gare par les Hagondangeois, au grand dam de la municipalité communiste, est bondée de badauds.

Marylou est présente, curieuse de voir cet homme qui a fait plusieurs fois le tour de la terre dans son engin spatial. Enfin le voilà, musique et fanfare en tête, les « hourras » exaltent la population massée sur le passage du célèbre soviétique. Quand, quittant son itinéraire tout tracé, celui-ci s’approche du bambin. Avec un sourire laissant apercevoir une large dentition, le jeune homme des steppes le prend dans ses bras et  mime au petit garçon des gestes le désignant et montrant le ciel, laissant sous-entendre« toi aussi petit Français, un jour tu iras là-haut »… Un message pour les générations futures ?

Trop petit pour s’en souvenir, c’est sa maman qui lui racontera les faits, cependant, d’autres témoins étaient là pour se souvenir de cet évènement. Parmi eux, un enfant d’Hagondange, historien émérite, président de la Fondation Napoléon : Thierry LENTZ.

Voyons comment un spécialiste des fastes et des guerres de l’Empire a perçu cet épisode local, avec le recul des années et de son expérience universitaire….

 

Jean-François JACQUES

 

Youri et moi...

 

 

         J’ai vu –de mes yeux vu- le premier homme à être allé dans l’espace et je n’en suis pas peu fier.

         Quarante ans après, cela fait rigoler ceux qui, à leur tour, ont dix ans. Mais à l’époque, sa venue à Hagondange avait déplacé les foules. A la mi-sixties, tutoyer les étoiles, ça n’était pas rien. La marche sur la lune, c’était du Tintin. La navette spatiale du Jules Verne. Alors, pensez :  Youri Gagarine de près !

         L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, et éventuellement des prolétaires, avait prêté son héros à notre municipalité et, au-delà, aux camarades et aux masses. Pour une journée. Le temps pour lui d’inaugurer le nouveau palais des sports et de remonter en triomphe la rue de la Gare, qui s’appelait alors la rue Joseph Staline. Même démonétisé depuis quelques temps au pays des Soviets, le Petit Père des Peuples avait gardé la cote auprès des communistes de notre ville.

         Pour Youri, avec le recul, on peut dire que le secrétaire général du PCUS et le maire d’Hagondange avaient mis le paquet. Musique, pompiers en grande tenue faisant la haie, majorettes aux cuisses déjà intéressantes à mes yeux, édiles en écharpes, camarades au brassard rouge et la population au complet avaient été convoqués pour ce jour de fête et de fierté municipales.

         J’ignore combien nous étions à regarder le petit homme marcher fièrement sur notre asphalte. Mais ça faisait du monde. Il se frayait difficilement un chemin parmi nous, sous les vivats. Il souriait dans son bel uniforme de chœur de l’Armée rouge. Je l’ai suivi avec mon frère à travers nos rues.

         Il se recueillit d’abord au cimetière sur la tombe étoilée de Russes morts dans le coin pendant la guerre. J’ignore toujours comment et pourquoi cette poignée de courageux Soviétiques a échoué, pour mourir et reposer éternellement, dans notre région. Mais on avait dû l’expliquer à Youri : il s’immobilisa dans un silence adéquat, fit disparaître son sourire et salua martialement pendant les hymnes.

Ce moment d’émotion passé, il reprit sa marche triomphale au milieu de la foule toujours maintenue à distance par nos pompiers en grande tenue. Moi, j’étais là. Pas loin de celui qui était allé si près des étoiles.

         Soudain, le protocole se brisa.

         Monsieur Gagarine s’avançait à présent vers le petit groupe dont je faisais partie. Un copain culotté lui tendit un stylo. Il se mit à signer des autographes sur les mains et les bras de la jeunesse d’Hagondange. Cela dura au moins deux minutes avant que quelqu’un lui dise quelque chose en russe, ce qui l’encouragea à reprendre sa place officielle. J’eus juste le temps de recevoir de lui une poignée de main. Une petite main potelée. Potelée mais ferme. Je le laissai continuer sa route et rentrai chez moi pour le dire à mes parents : j’avais touché le héros de l’humanité.

         Youri est mort quelques années plus tard. En héros bien sûr. Nous ne nous sommes jamais revus.

gagarine 1

 

Thierry LENTZ

Directeur de la Fondation Napoléon, Paris

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 17:23

AG Histoire Locale Hagondange 001

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 01:07

Avoir 15 ans pendant la guerre...

 

Toujours une anecdote aux lèvres, Louis Schwartz qui nous apporte son témoignage, est un exemple parmi tant d'autres de la détresse des jeunes Mosellans sous l'occupation nazie.

Dès 1922, le parti national-socialiste crée une organisation pour les jeunes sous l'appellation "Jungsturm Adolf  Hitler" (Compagnie de jeunes Adolf Hitler).

Interdite en 1923, elle revoit le jour en 1926 sous une nouvelle appellation " Hitler-Jugend". Cette organisation nazie a pour but l'endoctrinement dès le plus jeune âge de la jeunesse allemande, c'est l'un des piliers du projet national-socialiste de Hitler pour asseoir un pouvoir absolu sur tous les aspects de la vie en Allemagne.

En 1939, début de la Seconde Guerre mondiale, les enfants sont enrôlés à partir de 10 ans dans ces formations paramilitaires.

En 1940, le département de la Moselle est annexé de fait, il retrouve les frontières de 1871 qui le séparent du reste de la Lorraine. Le 30 novembre, le Gau Westmark est créé, il réunit la Moselle à la Sarre et au Palatinat.

Le 4 août 1942, l'adhésion aux Jeunesses hitlériennes devient obligatoire pour les jeunes Mosellans.

C'est à ce contexte difficile que sont confrontées les familles ayant des jeunes en âge de "servir " dans la Hitler-Jugend. Que faire ? À vrai dire, elles n'ont pas le choix, elles savent pertinemment qu'en cas de refus, le système nazi va les broyer, il ne tolère aucune forme de résistance et fera pression auprès du père de famille de façon plus ou moins brutale.

Louis Schwartz, né en 1928, fait malheureusement partie des classes que le destin frappe alors. Plus de 60 ans après ces évènements, il va nous raconter son vécu avec toute la spontanéité de son adolescence.

L'ambiance au sein des Jeunesses hitlériennes n'a rien de comparable avec des colonies de vacances. Ce sont de futurs soldats que l'on éduque, que l'on forme à donner sa vie pour le Führer. L'entraînement physique et militaire passe avant l'instruction scolaire. L'enseignement prodigué aux jeunes comprend surtout le maniement des armes, le développement de la force physique, la stratégie militaire et un endoctrinement antisémite.

Une certaine cruauté des gradés envers les adolescents, des plus grands envers les plus jeunes est tolérée, voire encouragée, le but étant de faire une sélection et d'endurcir les jeunes gens.

Pour parfaire cette éducation, cet endoctrinement, les jeunes garçons sont affublés d'un uniforme comparable à celui d'autres organisations du parti nazi. Ils ont des insignes et un système de grades est institué toujours dans le but de ressembler à un régime militaire, en vue de leur incorporation dans la Werhmacht.

Mais laissons Louis Schwartz nous conter ses souvenirs avec son imperturbable philosophie, une certaine dérision face aux évènements parfois tragiques que la vie réserve, peut-être une échappatoire pour se protéger contre les aléas, en tout cas pour les traverser sans trop de dégâts. C'est un témoignage édifiant pour notre jeunesse actuelle...

 

 

Un adolescent pendant l'occupation 1939-45.

 

En septembre 1942, mon père fait des démarches pour que je sois admis au Centre d'apprentissage de l'usine de Hagondange. Je désire me former au métier d'électricien. Avant la guerre, les formalités étaient réduites au strict minimum, mais voilà, les temps ont changé... L'usine hagondangeoise est confiée à un curateur (tuteur industriel et gestionnaire allemand) Hermann Goering. Celui-ci, déjà propriétaire de l'empire industriel " Reichswerk Goering" accapare les meilleures usines mosellanes.

Une difficulté importante se présente, je m'intègre aux Jeunesses hitlériennes, sinon pas d'apprentissage. Mon père n'a pas le choix.

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Pendant les trois années d'apprentissage, la discipline est rigoureuse, nous sommes manipulés tels des demi-soldats. Chaque été, nous allons camper pendant quinze jours, près de l'étang de Hanau, dans le pays de Bitche. Nous partageons une grande tente à huit garçons, le camp comporte quinze tentes. Il est dirigé par un SS qui revient du front russe, amputé d'une main. Pour nous aguerrir, il nous fait faire de grandes marches, grimper aux arbres... Nous devons également effectuer des manœuvres de nuit avec réveil à trois heures.

Au milieu du camp est installé un mât, sur lequel on hisse le drapeau à croix gammée, il est éclairé par une lanterne. Les apprentis sont divisés en deux groupes, l'un doit attaquer le camp, l'autre est censé le défendre.

Les manœuvres ne doivent pas s'avérer convaincantes, car au bout d'un moment, trouvant nos actions " trop moues" le SS arrête notre exercice avec son sifflet et nous ordonne d'être plus énergiques.

Avec trois copains, nous décidons d'attaquer comme il le demande. Munis de gros bâtons, nous rampons vers le mât éclairé où il se tient debout, donnant ses ordres et lui assénons plusieurs coups dans le dos et les jambes, malgré ses stridents coups de sifflet pour arrêter la manœuvre.

Une punition est infligée le lendemain au groupe tout entier : pas de sauce au repas de midi !

 

Emploi du temps dans les ateliers.

 

Le travail débute à 6 heures et se termine à 14 heures. À 7 heures, rassemblement devant l'Atelier central et départ au son du tambour et des fifres en direction du terrain de sport, près de la Cokerie, pour hisser le drapeau.

À 13 h 30, nouveau rassemblement devant l'atelier. Il faut se mettre en rang par quatre, toujours au son de la musique et nous devons chanter. Deux cents mètres environ séparent les ateliers du terrain de sport. S'il y a une seule fausse note au cours des chants, le SS nous fait faire 3 ou 4 tours du terrain au pas de course.

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            Jeunesses Hitlétiennes au travail  

Ensuite, retour aux ateliers pour faire la toilette, se changer et passer au contrôle de la propreté corporelle.

Le samedi à 10 heures, il y a une parade depuis la sortie de l'usine en direction de Hagondange-Centre. Nous sommes vêtus d'un beau " bleu de travail " spécialement réservé à cet effet et notre marche se fait au son des tambours et des fifres.

Le 2 août 1944, je passe le Conseil de révision à Metz. Vu ma stature élevée le verdict tombe aussitôt " muté dans les SS ". J'ai beau protester, rien n'y fait, je vais partir sur le front de l'Est au début du mois d'octobre.

Dès le début de l'année 1942, à la demande du Maréchal Keitel, commandant en chef de la Wehrmacht, on envisage de mobiliser Alsaciens, Mosellans et Luxembourgeois. Institué par décret du 19 août 1942, le service militaire est imposé aux hommes nés entre 1920 et 1924 n'ayant pas servi dans l'armée française. Ils reçoivent avant, afin de lever toute ambigüité, la nationalité allemande. Les réserves de la Werhmacht s'épuisant, dès le 5 décembre 1942, le fait d'avoir revêtu l'uniforme français n'est plus un obstacle. Certains jeunes gens tentent de gagner la zone libre afin d'échapper à l'incorporation. S'ils sont pris, ils sont fusillés ou envoyés dans un camp de concentration et leur famille risque la déportation.

Le 6 juin 1944, les troupes alliées ont débarqué en Normandie. La IIIe Armée du Général Patton se dirige en direction de la Lorraine. Début septembre elle avance sur deux fronts, le premier à Bouzonville, le second à Briey. L'administration et toutes les autorités allemandes ont fui outre-Rhin, nous nous croyons bientôt libérés. Le 2 septembre, mon frère Robert qui travaille dans une usine d'armement à Ébange est réquisitionné pour veiller au départ du matériel, l'usine cesse toute activité.

Puis, il reçoit l'ordre de se présenter dès le lendemain dans une caserne de Metz, d'où il va être envoyé sur le front russe.

Dans l'usine de Ébange travaillent de jeunes prisonnières russes. Mon frère s'est lié "d'amitié " avec l'une d'elles, chaque jour il lui offre une part de son repas.

Le 2 septembre au soir, il parvient à emmener la jeune fille sur sa bicyclette, sommairement camouflée sous une ample pèlerine et tous deux arrivent chez les parents Schwartz à Hagondange. Il faut cacher la prisonnière, la famille la dissimule dans le grenier.

Le lendemain 3 septembre, à 20 h, un cousin blessé sur le front russe, hospitalisé à Metz, se présente à la porte de notre maison en uniforme allemand. Il a déserté et demande qu'on le cache. Il est conduit à son tour dans le grenier...

Nous croyons notre libération proche, mais un contre-ordre arrive de Berlin, notre secteur est déclaré "Zone de combats". Le 4 septembre 1944, à 9 h du matin, des SA sarrois parcourent les rues de la ville et annoncent à la population qu'elle va être évacuée en direction de l'Allemagne. Les ordres tombent dans un style tout à fait nazi, c'est sans réplique " qui sera arrêté après 15 h sera fusillé ".

Mon père sort sa charrette à quatre roues, qui sert habituellement pour les travaux des champs. Le cousin déserteur s'allonge au fond, la jeune russe à ses côtés, on dispose par-dessus une couverture, quelques planches. Ma mère, ma grand-mère et ma sœur enceinte, qui doit accoucher d'un jour à l'autre, s'assoient par-dessus. On entasse une ou deux valises et ce drôle d'équipage se met en route, le reste de la famille pousse, tire et on avance...

Nous parvenons à passer la Moselle et atteignons la rive droite. Le soir à 20 h nous sommes à Luttange, devant l'église et nous nous posons la question "où nous réfugier pour la nuit " ?

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Chateau de Luttange  Collection J-F Jacques 

Nous abordons un cultivateur qui se tient sur le pas de sa porte et lui expliquons notre situation. Il propose immédiatement de nous héberger, met à notre disposition une grande pièce qui comporte trois lits, des couvertures, une table et un poêle. Le déserteur et la jeune russe sont cachés dans une grange, derrière l'habitation. Le lendemain matin, nous recevons un copieux petit-déjeuner et le cultivateur nous suggère de rester chez lui. Avisé de notre présence, M. le Maire nous procure des tickets de rationnement pour subsister. Il signe un laissez-passer d'urgence permettant à ma sœur et à mon beau-frère de se rendre à la gare de Kédange sur Canner, distante de 5 km. De là, ils parviennent à joindre Saverne où se trouve la belle-famille et ma sœur ne tarde pas à donner le jour à un garçon qui sera prénommé Robert et deviendra notaire. Ils ont emmené avec eux le cousin déserteur qui tente de rallier Strasbourg où se trouvent ses parents. En définitive, tout se termine  pour le mieux pour eux.

À Luttange, mon père et moi proposons notre aide au cultivateur, c'est le moment de ramasser les pommes de terre et les betteraves qui servent à nourrir le bétail. Le premier jour, il me permet de monter sur le dos du cheval, quelle sensation grisante et quel plaisir ! Mais le plaisir est de courte durée. Alors que nous parvenons à la sortie du village, à proximité du château occupé par les troupes allemandes, un officier m'aperçoit. Immédiatement, il m'ordonne de descendre du cheval et s'enquiert de mon âge, j'ai 16 ans et demi, donc bon pour être incorporé. Je dois le suivre au Quartier général et reçois l'ordre de me présenter le lendemain à 7 heures. Le lendemain, je reçois de suite un uniforme et en compagnie d'une dizaine de soldats, nous sommes dirigés vers la forêt de Kédange sur Canner pour couper de gros arbres destinés à faire des barrages antichars. Le soir, curieusement, je suis autorisé à rentrer chez mes parents. Plusieurs jours se passent ainsi. Et puis, une nuit le Quartier général allemand quitte le château en hâte, car les troupes alliées sont à 10 km, m'oubliant dans leur précipitation. Quelques obus tombent sur le village, mais bientôt nous sommes libérés par les Américains. Quatre jours plus tard, un camion GMC nous emmène jusqu'à Yutz, le pont d'Ay-sur-Moselle est impraticable, il a été dynamité. Puis, c'est le retour à Hagondange à pied, par la route nationale, en tirant notre charrette.

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  Pont d'Ay sur moselle détruit  Collection Ph. Wilmouth 

Mon frère Robert épouse la jeune prisonnière russe et tous deux s'installent dans la région parisienne. Voilà qui termine d'une façon heureuse l'histoire de la famille Schwartz.

On pourrait intituler ce récit  " Quand la petite histoire rejoint la grande, ou la petite histoire engendrée par la grande Histoire ".

 

 

 

 

Combien de tragédies ont été vécues par les familles mosellanes, combien de jeunes ont été sacrifiés au cours de cette guerre.

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 Louis Schwartz est conscient d'avoir été épargné, c'est pourquoi il nous livre son vécu pour les générations à venir, avec pudeur, une petite pointe d'humour et d'autodérision.

Grand conteur, il a d'autres anecdotes à raconter, si vous le croisez dans une rue de Hagondange, demandez-lui donc l'histoire de sa signature !

 

 

 

 

 

 

 Texte de Christine BORRI et Jean-François JACQUES

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