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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 15:13

salon-livre-woippy-2013.jpgLes 16 et 17 novembre 2013, s'est déroulé le Salon du Livre d'Histoire à Woippy.

A cette occasion, le Groupe d'Histoire Locale de Hagondange a présenté ses publications à un stand commun avec le Club Marangeois d'Histoire Locale.

Les livres présentés étaient "Hagondange et ses rues" et "Les Commerces de Hagondange" de Christine et Innocent BORRI ainsi que le dernier né, "Le Temple réformé de Hagondange" de Sylvie REICH.

Ces parutions sont toujours disponibles à notre local pour les personnes qui désireraient les acheter.

La permanence du stand du GHLH au salon du livre de Woippy a été tenue conjointement par Sylvie REICH, Joëlle LOMBARD et Jean-François JACQUES.

Rendez vous l'année prochaine....

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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 17:59

 

     Le centenaire du Temple Protestant de Hagondange.

 

pub-journee-patrimoine-2013-001.jpg

 

Art RL Journee Patrimone 

Au cours de la visite du Temple, Jean Tessaro, un passionné de la nature, a fourni aux participants des explications concernant les arbres qui entourent l'édifice.

Certains ont un âge et une taille tout à fait respectables.

Il faut également signaler la sympathique initiative de Jean et de son épouse Christiane qui, au cours de la belle saison ont cueilli diverses baies et fruits près du Temple....

et ont confectionné de délicieuses gelées. Ils les ont fait déguster aux visiteurs lors du goûter servi  dans le foyer.

Patrimoine-2013-Tessaro.jpg

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:30

 

 À l’occasion du Salon du Livre d’Histoire à Woippy, lors d’une de ses conférence, Thierry Lentz, enfant d’Hagondange, Directeur de la Fondation Napoléon à Paris, a eu la gentillesse de confier à notre présidente Sylvie Reich, un de ses manuscrits.

Il s’agit d’un nouveau témoignage remontant à son enfance : le passage d’un autre grand de ce siècle en notre petite ville : le général Charles de Gaulle.

Mais laissons la parole au spécialiste de l’histoire du 1er Empire, avec sans aucun doute, au fond de lui, un rapprochement profond sur la notoriété et la grandeur de deux grands hommes de l’histoire de France.

                                                             

 

                                        De Gaulle à Hagondange

 

 

            La petite foule marchait à travers champs. On se pressait, en famille, vers le talus qu’on apercevait au loin. Dans moins de deux heures, on allait Le voir. Le journal était précis : Il passerait à trois heures et quart.

            On allait Le voir. Peut-être même le toucher.

            De Gaulle !

            Il arrivait dans son uniforme kaki. Il était grand. Il avait sauvé la France, comme nous l’avait dit le maître (d’école) dans un cours de morale spécial. Il avait dit : « non », et nous le savions déjà, bien avant qu’un spectacle formidable le désigne justement comme « l’homme qui a dit non ». Mon grand-père, qui nous racontait souvent l’avoir bien connu (il avait même ciré ses bottes, nous disait-il, lorsqu’ils servaient ensemble sur la Ligne Maginot), ne l’appelait que le Grand Charles. Eh bien, aujourd’hui, le Grand Charles qui avait dit « non », passait par Hagondange !

            Il allait donner vie à l’autoroute… et la foule (dont j’étais) allait à son tour toucher à l’Histoire du monde en côtoyant le héros mondial.

            Oh, bien sûr, toute la ville n’était pas là. La municipalité s’abstenait de paraître à la communion nationale et communale. Comme d’habitude. « Il n’y a rien de bon à attendre des bolcheviques », avait conclu mon grand-père qui, à présent, allongeait le pas. Il ne voulait pas être en retard pour ses retrouvailles avec le Grand Charles.

            On venait de traverser les petits ruisseaux puants qui coulaient au milieu des cultures. Leurs eaux était chaudes et noires, mélange de rejets des usines et d’égouts ici en plein air en plein air. À deux kilomètres de là, le tout se jetait en tourbillonnant dans le Canal des Mines de Fer de la Moselle.

            Quelques enjambées encore, et la foule tricolore fut à pied d’œuvre au bord de l’autoroute. Visages familiers et respectés, les policiers de la ville, gantés de blanc, formaient un cordon distendu, bon enfant mais dissuasif. On ne badinait pas avec la République en ce temps-là, même si elle souriait souvent à ses enfants.

 

*

**

           

Ici, la République aurait pu compter ses enfants. Ils étaient presque tous là. Les bolcheviques boudaient, c’était leur rôle, aussi on ne leur en voulait pas. Mais il n’y avait pas que les rouges à être restés chez eux. En battant du pied la terre du talus, en rattrapant les enfants qui s’égayaient au risque de perdre leur place dans les premiers rangs, les républicains présents commentaient ce qu’ils avaient vu, tout à l’heure, en passant sur la grand'route. À un balcon, un alignement de pots de fleurs, devant des volets clos et, sur chaque pot, une feuille de papier à dessin avec une grosse lettre dessus. Le tout donnait : A.L.G.E.R.I.E. F.R.A.N.C.A.I.S.E.. de gaulle ds

Nous, les plus jeunes, nous n’avions rien compris. Mais les parents en parlaient. Quelques-uns grognaient : cette vieille histoire de l’Algérie s’était achevée l’année dernière et il ne servait à rien d’en discuter encore. Quelques autres admiraient cependant : il fallait tout de même avoir un certain cran pour afficher ainsi ses convictions à la face même du Général qui allait passer à moins de deux kilomètres de là.

 

*

**

 

Mais bien vite, on ne parla plus du balcon. D’ailleurs, en ces temps somme toute un peu troublés, comme les temps ont changé ! La police, même débonnaire et composée de visages familiers, vous fichait pour moins que ça. Et puis, ça n’était pas le jour ni l’heure. Il arrivait et il avait réglé pour de bon la question algérienne. L’Algérie, c’était loin. Mieux valait l’oublier.

Alors, tout à l’heure, on acclamerait de Gaulle, débout dans sa D.S., les bras décrivant un V parfait dans notre beau ciel bleu de Lorraine.

Il aurait dû passer ici depuis trois quarts d’heure. On commençait sérieusement à trouver le temps long. On prenait de moins en moins son mal en patience. Qui a dit que l’Histoire n’attend pas ?

Alors, on parlait de l’autoroute. De ce qu’elle allait changer dans notre vie quotidienne. On débattait sur ce qui avait été le plus important de l’ouverture du Prisunic en centre-ville ou de cette nouvelle voie, si rapide qu’on mettrait une demi-heure pour aller à Metz, à pas moins de seize kilomètres de Hagondange.

À condition bien sûr de posséder une auto.

Et tout cela, c’était grâce à de Gaulle, le Grand Charles qui allait le premier, c’était bien le moins, réaliser cet exploit des temps (enfin) modernes.

 

À propos de de Gaulle, il n’arrivait toujours pas. Sans doute était-il occupé à saluer la foule, à serrer généreusement des mains, quelque part entre Maizières-les-Metz et Talange. C’était tout lui, ça. Mondial et si près du peuple. Allez, il y en aurait pour tout le monde. Et si le Général avait décidé de saluer justement tout le monde, ce serait tout à l’heure nos mains que, paternel, il prendrait dans les siennes.

 

Il était quatre heures et demi lorsque le foule soudain se raidit. Il se passait quelque chose. Pointe de pieds et cou tendus. On entendait les vrombissements de motos. Et en effet, deux motards passèrent en trombe. Puis une D.S. noire. Puis d’autres motards et encore une demi-douzaine de D.S.. Comme on pouvait rouler vite sur la nouvelle autoroute !

Puis, plus rien.

Le général de Gaulle venait de passer à Hagondange. À 120 kilomètres à l’heure au moins. Nous n’avons jamais su dans quelle D.S. il se trouvait.

Ni si tante Yvonne était avec lui.

 

                                                              Thierry LENTZ

 

Cinquantenaire du passage du

Général de Gaulle à Hagondange.

 

 

Nous voici en présence d’un témoignage très intéressant quant à l’aspect historique de l’évènement. Il sera notre point de départ à une enquête plus approfondie afin de reconstituer le contexte historique de l’évènement.

 

Le sujet, quelque peu sensible vu la proximité temporelle du fait, fidèle et respectueux à notre charte déontologique de ne jamais entrer dans des considérations politiques, nous resterons concentrés uniquement sur le contexte historique de l’évènement.

 

Cet épisode se serait déroulé, d’après le petit garçon, à l’occasion de l’inauguration d’une portion de l’autoroute A31 allant de Metz vers Thionville.

Le 5 septembre 1963, il y eu une première tranche qui fut inaugurée qui s’arrêtait à la sortie « Talange-Hagondange ». Une autre section de cette nouvelle voie rapide devait voir le jour quelques mois après, le 07 décembre 1963 en rejoignant Richemont.

  DG troncon A31

De Gaulle… Le Général pour certains, le Grand Charles pour d’autres, il est sûr que le destin du premier résistant a fait naître dans le cœur de nombre de ses contemporains, une émulsion patriotique sans pareille depuis Vercingétorix.

L’aura que dégageait le symbole de la résistance a fait déplacer des foules depuis la Libération, de même à son accession à la fonction de Président de la République en 1959.

En ce début de décennie des années 60, la popularité du général est à son paroxysme. À Hagondange aussi. Bien que cité ouvrière, avec donc des suffrages plutôt portés vers les idéologies soviétiques, énormément d’habitants avaient encore le souvenir des malheurs de la guerre. Quoiqu’il en soit des valeurs politiques de chacun, le Général était assurément le bras armé de la France libre et de sa liberté retrouvée.

D’autant qu’à Hagondange, il y eut dès les premières heures, des résistants, des prisonniers, des déportés et tant de Malgré-Nous ! Nos concitoyens s’en souvenaient et en étaient reconnaissants à de Gaulle.

Cette fidélité et cette considération n’étaient pas à sens unique, car l’homme de l’appel du 18 juin portait réellement notre région dans son cœur. Cette province perdue dont sa mère lui avait tendrement parlé sera un de ses lieux de combats durant la première guerre mondiale, puis à la seconde. Cette terre de souffrances portera encore longtemps les stigmates de la guerre et il y sera affecté lorsqu’il sera à la tête de son unité de cavalerie à Metz, de 1937 à 1939, au 507e régiment de char. (1)

 507ème reg char

Sa profonde estime envers « les gens de l’Est » s’explique par une similitude de caractère entre cet homme du nord et les Lorrains avec leurs particularités régionales d’hommes peu expansifs, voire presque froids, avec des notions de discipline, de courage, de pondération, de sérieux et surtout de fidélité.

Il retrouvait dans cette façon d’être des mineurs et ouvriers des usines, les traits de ses compatriotes de son nord natal.

Ainsi, de cet attachement réciproque émergera l’idée symbolique de la Croix de Lorraine comme insigne de la reconquête du territoire national, comme pour sacraliser définitivement cette inclination au « Marches de l’Est ».

Ainsi donc, l’homme qui a dit non, se sera déplacé 16 fois en Lorraine en un demi-siècle de combat, gouvernance et visites officielles et inaugurales. (2)

 

Le témoignage de Thierry Lentz nous recentre plus particulièrement sur notre cité, lors de l’inauguration de cette nouvelle voie autoroutière régionale, l’autoroute A31, enfin, d’après ses lointains souvenirs.

 

Ceci dit, ce n’était pas la première fois qu'il foulait le ban communal, deux ans auparavant, le 2 juillet 1961, en pleine « Affaire algérienne », le Général effectue un voyage officiel en Moselle. Venant de Metz, le cortège de motards entourant la Simca Présidence et de sa suite marquera quelques haltes en pays et communes amies. Après Woippy et Maizières-les-Metz où le grand homme sera acclamé et reçu par des officiels et la population, il continuera sa route pleine de gloire en direction de Thionville.de-Gaulle-maizieres-1--2-.jpg

                                1961, Passage triomphal du Général De Gaulle à Maizières les Metz (Collection J-C Jacoby) 

 

En quittant la commune, lui qui avait pour habitude de saluer la foule, debout dans la décapotable spécialement construite pour qu'il puisse se tenir debout dans les défilés, il se rassoira en arrivant aux limites du ban de Hagondange.

  DG itinéraire RL

                      Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

   

Le cortège traversera la ville lentement sur la route de Metz, sans marquer de halte, la municipalité communiste dirigée par M. Paul Lamm ayant refusé de recevoir le général. (2)

Énorme frustration pour nombres des nôtres, corroborée par divers témoignages de sympathisants gaullistes hagondangeois. (3)

Les conflits intérieurs sociopolitiques avaient-ils le droit de bouder un tel évènement ? Chacun a sa conscience, et l’histoire jugera …

 

Deux kilomètres plus loin, dans la commune voisine de Mondelange, le triomphe de de Gaulle reprendra dans une atmosphère patriotique et sympathisante.

de-Gaulle-maizieres-2--2-.jpg  

 Le Général De Gaulle reçu par le Maire de Maizières les Metz, Mr Gustave Barthélémy (Coll. JC Jacoby)

 

Faits corroborés par l’attentive préparation de l’équipe municipale mondelangeoise à l’évènement. En effet, d’après l’article du Républicain Lorrain du 2 juillet 1961, la municipalité de Mondelange invite la population à pavoiser de drapeaux tricolores les habitations de la route de Metz, et organise le déplacement des différentes sociétés participantes à la manifestation, tels que le Souvenir Français, les Sapeurs pompiers et les Anciens Combattants et Victimes de guerre.

  DG Mondelange

                                      Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

Afin de recadrer l’instant historique, il faut se souvenir qu’en janvier 1961, avait eu lieu un référendum concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie. Le 8 janvier 1961, c’est un « Oui franc et massif » que les Lorrains offrent au Général.

À Hagondange, les suffrages sont : 3178 voix pour le Oui avec 1138 pour le Non. (2)

 

S’ensuivra un autre référendum en avril 1962 approuvant le cessez-le-feu en Algérie et les futurs accords d’Evian qui se concluront dans les urnes municipales avec un score écrasant de 4079 voix pour, contre 206 voix contre. (2)

 

Les Hagondangeois avaient exprimés leur désir de paix, de sérénité dans un monde nouveau en pleine expansion.

 

Ainsi, si nous pouvions faire une synthèse de ces évènements qu’étaient les passages du Général de Gaulle en notre commune, c’est sans vergogne que nous pourrions affirmer qu’il en résultait une véritable communion entre le général et la population locale. Hormis le petit « couac » des autorités municipales, il en restera dans les cœurs des témoins des faits, un souvenir impérissable qui passera les décennies pour nous arriver aujourd’hui, un demi-siècle après, en ce témoignage émouvant de ce jeune hagondangeois que fut Thierry Lentz.

 

Revenons au témoignage du petit Thierry Lentz, qui n'a rappelons-le que 5 ans au moment des faits, et essayons de comprendre la chronologie des évènements en engageant une enquête historique.

 

À la vue du récit, il s’en dégage une certaine amertume de ne pas avoir eu droit de voir le général, ni de lui serrer la main à l’occasion d’un de ces bains de foule qu’affectionnait le grand Homme. Ce regret fut amplifié par la vue de ce cortège officiel passé à vive allure sur ce tronçon d’autoroute tout fraîchement inauguré.

C’est bien normal, l’information que le garçonnet avait eu : « Le Général passe sur l’autoroute au niveau d’Hagondange pour une inauguration… », N’était pas totalement fausse, simplement mal ciblée. Le bambin avait sélectionné inconsciemment les mots « clefs » : de Gaulle, inauguration et Autoroute !

 

Il ne s’agissait pas du baptême du nouveau tronçon d’autoroute Metz – Richemont, mais d’une autre cérémonie de type et caractère plus européen.

 

Il y avait bien eu une inauguration de cette nouvelle portion d’autoroute Metz-Talange le 6 septembre 1963, cependant le Président Charles de Gaulle n’y a pas assisté. Le baptême de cette nouvelle voie rapide fut fait en présence de personnalités locales et préfectorales, avec un cortège de motocyclistes de la gendarmerie ouvrant officiellement la voie.

 

Mais de quoi parlait donc le petit Thierry ? Quelle méprise s’est infiltrée dans son esprit éclairé ?

La confusion n’était pas énorme, de Gaulle passait bien par Hagondange, il venait bien pour une inauguration, mais c’était à l’occasion de celle de la Moselle canalisée, le 26 mai 1964, par une belle journée de printemps.

 

Ce jour là, le Général de Gaulle se rend à Metz pour l'inauguration de la voie navigable, destiné à faciliter les échanges du coke de la Ruhr, du charbon sarrois et du minerai de fer lorrain et luxembourgeois.

Àl’occasion d'un toast, il prendra la parole à la Préfecture, au cours d'une réception donnée en l'honneur de la Grande-Duchesse de Luxembourg et du Président de la République fédérale d'Allemagne :

 

«  C'est avec joie et avec honneur que nous recevons à Metz Son Altesse Royale Madame la Grande-Duchesse et Monseigneur le prince du Luxembourg, Son Excellence Monsieur le Président de la République fédérale d'Allemagne et Madame Luebke, ainsi que les personnalités qui les accompagnent.

L'inauguration d'aujourd'hui est, à coup sûr, importante pour nos trois pays. Par là même, elle l'est pour l'Europe, à laquelle l'aménagement de la Moselle peut apparaître comme une étape dans celui de ses communications modernes entre sa Mer du Nord et sa Méditerranée.

Je lève mon verre en votre honneur, Madame la Grande-Duchesse, en votre honneur, Monsieur le Président. »

  DG Photo Metz

                                              Photo Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961.

 

Après le déjeuner rapide, moins d’une heure, le cortège officiel se dirige par la nouvelle autoroute qui ne comprend qu’un tronçon de 18 kilomètres, (nous retrouvons la véritable distance entre Metz et Richemont), puis vers Apach par la nationale, point de départ à la véritable inauguration de la canalisation de la Moselle. Les trois chefs d’État seront acclamés tout au long du trajet de 50 km qui séparent Metz de la frontière triangulaire d’Apach. Le voyage qui aurait dû être fait en une trentaine de minutes, se trouvera souvent ralenti par la population en liesse et arrivera avec une vingtaine de minutes en retard. (2)

 

Ce sera à ce moment que les trois Chefs d’États qu’étaient, le général de Gaulle, le président Luebke pour la République Fédérale d’Allemagne et la grande Duchesse Charlotte du Luxembourg prendront place à bord de la péniche « Strasbourg » afin d’immortaliser cet acte symbolique et majeur dans l’histoire et l’avenir de cette zone des 3 frontières.

 DG inaug canal moselle

Ci-contre, la péniche le « Strasbourg » avec en proue du navire, les trois Chefs d'États et les trois drapeaux français, luxembourgeois et allemand.

 

En conclusion, il n’y aura jamais eu de visite du général de Gaulle proprement dite à Hagondange, uniquement deux passages furtifs :

 

Le premier durant une visite présidentielle en Lorraine avec un passage bien controversé route de Metz. Après avoir été acclamé à Woippy, Maizières-les-Metz et Talange, il marquera sa réprobation envers notre municipalité en traversant Hagondange, assis dans la voiture, laissant transpirer quand même un salut fraternel aux gaullistes hagondangeois, en parcourant la ville à petite allure.

 

Le second lors de l’inauguration de la Moselle canalisée d’Apach à Trèves, le général passera sur l’autoroute A31 au niveau de Hagondange, fait remémoré par Thierry Lentz. Les multiples DS officielles dont le narrateur nous aura fait part, auront été celles de de Gaulle, du Président Luebke de la RFA, celles de la Grande Duchesse Charlotte du Luxembourg et leurs suites.

 

*

**

 

Deux petites anecdotes sans rapport avec Hagondange pourraient être racontées puisqu’elles ont un petit rapport avec ces deux passages du Général à Hagondange.

 

La première s’avèrera être une véritable farce : lors de sa première visite officielle en Lorraine, en juillet 1961, mille personnalités de Metz et du département furent invitées à un cocktail en l’honneur du premier des français. En vérité, il s’agira d’un véritable canular puisque les autorités préfectorales n’ont jamais émis ce type de festivité.

Après s’être présentés aux portes de la préfecture de Metz, nombres de notables mosellans ont dû rebrousser chemin suite aux explications d’un des représentants de la préfecture. Leurs laissez-passer étaient des faux, et l’affaire était une véritable tromperie pour laquelle les services de police enquêteraient. 

Un ou plusieurs plaisantins avaient réussi à mettre en émoi quelques dignitaires !                             DG cocktail

                       Article Républicain Lorrain , Archives départementales de la Moselle, 1961 .       

 

La seconde se déroulera à Trèves lors de la cérémonie d’inauguration de la Moselle canalisée. Les services secrets allemands préviennent le Président Luebke qu’il pourrait y avoir une tentative d’attentat sur le parcours des trois autorités. De suite, le premier des Allemands veut faire intervenir la Luftwaffe, mais n’ayant pas l’autorisation de l’OTAN qui reste maître décisionnaire quant à tout mouvement de l’armée allemande, et ceci depuis la fin de la guerre, le Général de Gaulle prend l’initiative et ordonne à l’aviation française d’intervenir pour la protection des trois pouvoirs exécutifs.

 

                                                                                    Jean-François JACQUES

 

Sources :

 

(1) Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Plon

(2) Paul Zing, De Gaulle en Lorraine, Histoire d’une fidélité, p18, p302, p389, p396.

(3) Témoignages Lucien Jacques, Suzy Maire et Jean-Claude Jacoby 

(4) Archives Départementales de la Moselle, 779PRJ1961/7, 779PRJ1963/9

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 18:33

Repas de l’amitié

 

Samedi 20 juillet, les membres et amis du Groupe d’Histoire Locale de Hagondange se sont retrouvés autour d’un repas de l’amitié marquant le début des vacances.

 

Ce petit interlude gastronomique s’est déroulé au « Chalet Chrisca » dans le cadre idyllique de la Ballastière.


Un repos d’un mois bien mérité pour ces passionnés d’histoire qui ont œuvré toute l’année dans le but de pérenniser l’histoire locale de Hagondange.

 

  P1000059--1-.JPG

                                          Photo Innocent BORRI 20/07/2013

 

Une année imprégnée de nombreux articles et travaux d’étude dans des buts de conférences, préparation de la journée du patrimoine, d’expositions et de publications numériques. En prime, une collaboration prochaine avec les Archives Départementales de la Moselle dans le cadre d’une exposition sur la Libération de la Moselle.

 

Bonnes vacances à tous…..

 

Historiquement vôtre !

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 15:44
    
  

 

 

                      Macadam' Jeunesse ….à Hagondange…

Macadam’ Jeunesse est un projet du Conseil Général pour favoriser l'engagement et l'autonomie des jeunes Mosellans et pour soutenir tous les acteurs qui les accompagnent dans cette étape de leur vie essentielle pour leur avenir. Une intention qui favorise l'implication et la créativité des jeunes en leur réservant des espaces d'expression et l'accès à des pratiques sportives, artistiques et culturelles.
La ville de Hagondange, comme plus de 110 communes mosellanes, a été partie prenante dans cette initiative.
Le 11 juillet 2013, cette volonté s'est déroulée sous l’égide de trois personnalités bénévoles de Hagondange : M. et Mme BORRI pour le Groupe d’Histoire locale et M. TESSARO pour l’arboretum.
À la demande de la municipalité, le site choisi pour cette année a été l’étang de la Ballastière, endroit particulièrement étudié par nos intervenants, tant sur son histoire et sa genèse, que sur sa flore et sa faune.
Interprété à la fois en promenade instructive et ludique autour de l’étang, ce circuit a été commenté par étapes successives au niveau de la faune, de la flore et des différents genres d'arbres par M. Jean TESSARO, et quand la halte amenait des informations historiques, c’était le couple Innocent et Christine BORRI qui prenait le relais.

Ainsi, ce sont en neufs étapes que s'est déroulée cette petite escapade autour du plan d’eau municipal. Voici les différentes stations : 

 

   
Assemblée générale pour l'année 2012
 Vendredi 26 avril 2013, le Groupe d'Histoire Locale de Hagondange a tenu son assemblée générale pour l'année 2012.
Une année particulièrement prolifique avec la création d'un Blog en avril 2012, la parution de 6 articles sur ce blog, la création d'une salle d'exposition à l'espace Mémoire de la Ballastière où seront exposés les travaux du GHL et un énorme travail d'archivage dans la salle de réunion.
AG-26-04-2013-001.jpg
Pour tout renseignement, une permanence est tenue tous les lundis de 15h à 18h par les archivistes du groupe d'histoire locale, et réunion de l'ensemble du groupe tous les 2ème mercredi de chaque mois. 
Article_du_Rl_du_1er_mai.jpg 
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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 15:18
La Légende du  Drakkar

 

Le petit garçon la regarde avec de grands yeux émerveillés, ne sachant pas comment sa grand-mère sait tout cela. Il boit ses paroles, avide de connaître la suite de cette histoire fantastique. L’amour de l’histoire de sa ville a commencé comme ça, une matinée d’été, un jour de grandes vacances dans sa dixième année :

-          « C’est alors que les ouvriers qui creusaient le canal de la Moselle ont découvert un drakkar viking… » lui dit sa grand-mère tout en saupoudrant la tarte aux pommes de cannelle.

 

Le soleil d’été traversait les carreaux de la cuisine, faisant de ses rayons bienfaisants un halo de lumière autour de la silhouette de la mère de son père. Il prêtait toute son attention au récit, sachant qu’elle savait tant de choses, dues à une éducation stricte chez les sœurs. Il saura à son tour le répéter, plus tard, quand il sera grand, ainsi il perpétuera la mémoire et l’histoire de sa ville.

 

Il est des choses qui sont d’un naturel lorsqu’on évoque l’histoire de sa famille ou du lieu auquel on est rattaché. C’est la nature humaine, on a tendance à enjoliver la vérité, à la rendre plus belle, plus brave ou plus attachante. Quoi de plus vrai que son village est le plus beau, que les siens ont le plus souffert ou ont été les plus courageux. Ainsi, le récit d’une bagarre de rue risque de prendre l’image d’une joute de chevaliers !

D’autant que les informations que l’on détient ne sont pas toujours la version originelle, elle a été sans aucun doute, déjà évoquée, améliorée ou voire mal comprise et involontairement déformée.

Ainsi, en histoire, il faut toujours vérifier ses sources, enquêter afin de rester le plus près de la vérité, et de la sorte rapporter une analyse pondérée en écartant toutes connotations affectives.

 

Si nous reprenons les faits historiques, les archéologues ont réellement trouvé des embarcations sur le ban de Hagondange, mais ce n’était pas un drakkar, ce n’étaient que de simples barques.

En effet, M. André BELLARD, conservateur honoraire des Musées de Metz et délégué de la Société Préhistorique française évoquera cette découverte de 1931 sur la commune de Hagondange à l’occasion des travaux pour la réinstallation de la prise d’eau et du bassin de filtration des usines métallurgiques.

Celles-ci étaient à quelques 120 mètres à l’ouest du lit actuel de la Moselle, sur une puissante assise feuilletée de marnes bleues.

Recouverte de plus de 3,50 mètres de sédiments stratifiés présentant une alternance de sables et de graviers.

Nous sommes en présence des terres du lieudit appelé « La Ponte ».

 

Quel est ce lieu-dit ? Jusqu’au début du XVIIIe siècle, la Moselle se séparait au niveau de Talange pour former deux boucles qui se rejoignaient plus au nord, entre Hagondange et Mondelange. Une île ainsi formée, appelée « La Ponte », était cultivée généralement par les laboureurs de Hagondange et appartenait à l’Abbaye Saint-Pierre de Metz.

Boucle-moselle2.jpg

 

 

 

                     Carte G.R.VAUGONDY 1756

 

D’après certains écrits, le bras occidental, le moins important aurait été détourné sur le principal en étant remblayé. La date de suppression de ce bras passant tout près des villages de Hagondange et Talange n’est pas très clairement définie, certains affirment que la Moselle ne coulait plus à proximité du village dès 1720, assurant pour preuve que des dîmes avaient été perçues sur des terres nouvellement défrichées.

 

Cependant, en prenant une carte de 1756 de la Lorraine et du Barrois de Gilles Robert VAUGONDY, on peut constater que les deux boucles y sont représentées.

 

A contrario, l'étude d'une carte Cassini plus récente d’une trentaine d’années permet de constater qu’il n’y a plus d’île de « La Ponte » entre Ay-sur-Moselle et Hagondange.

Il est difficile de mettre en doute la véracité des cartes Cassini puisque leur réalisation a été ordonnée par le roi de France pour des raisons militaires, et elles ont été faites avec un nouveau système de mesures dit « en triangulation ».

Détail Cassini carte Hagondange

 

 

 

                                          Extrait de carte Cassini

 

Ce petit épisode cartographique n’a pour but que de démontrer la situation exacte de l’ancien lit de la Moselle et pourrait nous laisser supposer que l’emplacement des fouilles où furent découvertes ces trois barques pourrait se situer à l’endroit de la boucle qui fut supprimée au XVIIIesiècle.

 

 

À ce propos, André BELLARD affirme qu’aucune d’elles ne put être dégagée des sédiments « au péril des excavatrices dont on sait la douceur de touche ». La législation sur les fouilles archéologiques n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, et les chercheurs n’ont pas eu les moyens de sauver les embarcations.

Cependant, un examen approfondi a eu lieu sur place, laissant à la postérité des données de positionnement et des dimensions. Longues de 12 mètres et larges de 3,02 mètres pour l’une et de 5 mètres par 2,75 pour les autres, les trois barques devaient être amarrées ensemble vu l’emplacement des extrémités de chacune d’elles. Bien que nul vestige d’amarrage ne put être découvert (1).

Les essences de bois dont elles étaient construites étaient pour deux en chêne et pour la troisième en sapin avec contreforts en chêne. Toutes trois chevillées en bois, mais il est à remarquer que la première a livré trois clous fixés dans son bordage, et la deuxième deux.

Quant à la troisième, elle a fourni une côte de mammifère indéterminé et un fragment de crâne de jeune bovidé muni de sa cheville osseuse droite.

Seraient-ce ces vestiges osseux qui ont fait naître cette légende de drakkar viking ? La légende de la grand-mère s’effondre en morceaux, mais aura fait naître un questionnement et un amour inconditionnel pour l’Histoire dans la tête de ce petit garçon !

Cependant, les dires de la grand-mère n’étaient pas tout à fait inexacts. Elle ne faisait que répéter les informations qu’elle avait sans doute lues dans le quotidien local. (2)

Le-messin-1931-001.jpg

 

 

                 Le Messin 4 sept 1931. AD57

 

Dans son éditorial du 5 septembre 1931, le journal régional « Le Messin » affirme dans un article la découverte archéologique :

 

« …Ces temps derniers, les dragueuses, creusant le tronçon du canal devant relier les usines au futur canal de la Moselle, entre Talange et Hagondange, ont mis à jour, non sans l’abimer sérieusement, une espèce de barque ou plutôt un assemblement assez vulgaire de planches et de madriers en forme de bateau. Cette découverte aurait été faite à environ 8 mètres de profondeur. L’embarcation, dont les caractéristiques intéressent au plus haut point nos archéologues mosellans, mesurerait 3 m 60 de largeur sur une longueur de près de 72 mètres, avec un bordage d’à peine 50 centimètres de hauteur. On croit se trouver en présence d’une galère romaine, coulé jadis. Le directeur des travaux, afin de déterminer l’âge de cette rare trouvaille, fait soigneusement procéder au déblaiement… »

 

 

Nous sommes en présence d’un parfait cas de désinformation, pas fait dans un but de nuire ou de mystifier, mais simplement un réel phénomène de controverse dû à la mauvaise écriture de l’article. Le journaliste de l’époque s’est contenté de répéter les  supputations des acteurs du déblaiement sans les vérifier auprès des archéologues ou toutes autres personnes dirigeant ces fouilles. Ces trois petites embarcations s’étaient transformées en galères romaines puis confondues en drakkars vikings.

 

 

 

 

D’autant qu’une galère romaine était un bâtiment muni d’une quille, un navire de fonds profonds alors que sur les rivières et fleuves c’étaient des bateaux à fonds plats pour la plupart. L’interprétation de la grand-mère aurait pu être plausible puisque les drakkars étaient des navires pouvant naviguer aussi bien sur mer qu’en eaux douces des rivières. Inconsciemment son esprit éclairé avait corrigé l'erreur.

 galere-romaine.jpg

Autre paramètre qui pourrait nous faire comprendre la fantaisie du journaliste : les dimensions des embarcations.

Les cotes et mesures prises par les archéologues donnent une longueur de 12 mètres pour 3 mètres de large. Or, si  la largeur est quasiment la même, avec le journaliste ce bateau passe de 12 à 72 mètres de longueur… Le « 1 » de douze n’aurait-il pas été mal transcrit et interprété en « 7 »… ?

 

Ainsi, en histoire ou généalogie, il faut toujours faire attention aux informations émises par un quelconque média et toujours recouper les informations par plusieurs sources de renseignements.

Un récit réel qui s’attache à l’histoire locale de Hagondange et qui aura le mérite de nous mettre en garde quant à la mauvaise information ou à de fausses sources.

 

Ainsi va la recherche historique, hier affirmée, aujourd’hui contestée et modifiée et qui sait….demain réinterprétée avec de nouvelles données que la technologie inédite et récente nous permettra de trouver. L’histoire n’est pas figée et reste évolutive pour se rapprocher au plus près de la vérité, au fil du temps et des nouvelles découvertes.

Ces nouvelles interprétations permettent ainsi de faire perdurer l’histoire à travers les siècles, tout comme la grand-mère a raconté la découverte du drakkar à son petit fils, ce dernier transmet ce récit en y apportant de nouvelles données. Et sans doute que dans des temps futurs, des chercheurs armés de nouvelles technologies nous permettrons d’en connaitre encore plus sur ce sujet. Ainsi va la vie, ainsi va l’histoire….

 

                                                                               Jean-François JACQUES

 

 

Sources :

1)      Bulletin de la Société préhistorique de France, 1959, tome 56, N. 3-4.
 2)   AD57, Journal « Le Messin » 6T48-93
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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 18:01
De l’Oural à l’Orne via l’espace

 

 

Elle le sert dans ses bras son petit, le protégeant tant du vent que de la foule. En ce 30 septembre 1967, la ville de Hagondange a sorti son habit de fête pour accueillir ce héros des temps modernes : Youri GAGARINE

 

 

 

gagarine 2

 

 

La rue Joseph STALINE, appelée toujours rue de la Gare par les Hagondangeois, au grand dam de la municipalité communiste, est bondée de badauds.

Marylou est présente, curieuse de voir cet homme qui a fait plusieurs fois le tour de la terre dans son engin spatial. Enfin le voilà, musique et fanfare en tête, les « hourras » exaltent la population massée sur le passage du célèbre soviétique. Quand, quittant son itinéraire tout tracé, celui-ci s’approche du bambin. Avec un sourire laissant apercevoir une large dentition, le jeune homme des steppes le prend dans ses bras et  mime au petit garçon des gestes le désignant et montrant le ciel, laissant sous-entendre« toi aussi petit Français, un jour tu iras là-haut »… Un message pour les générations futures ?

Trop petit pour s’en souvenir, c’est sa maman qui lui racontera les faits, cependant, d’autres témoins étaient là pour se souvenir de cet évènement. Parmi eux, un enfant d’Hagondange, historien émérite, président de la Fondation Napoléon : Thierry LENTZ.

Voyons comment un spécialiste des fastes et des guerres de l’Empire a perçu cet épisode local, avec le recul des années et de son expérience universitaire….

 

Jean-François JACQUES

 

Youri et moi...

 

 

         J’ai vu –de mes yeux vu- le premier homme à être allé dans l’espace et je n’en suis pas peu fier.

         Quarante ans après, cela fait rigoler ceux qui, à leur tour, ont dix ans. Mais à l’époque, sa venue à Hagondange avait déplacé les foules. A la mi-sixties, tutoyer les étoiles, ça n’était pas rien. La marche sur la lune, c’était du Tintin. La navette spatiale du Jules Verne. Alors, pensez :  Youri Gagarine de près !

         L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, et éventuellement des prolétaires, avait prêté son héros à notre municipalité et, au-delà, aux camarades et aux masses. Pour une journée. Le temps pour lui d’inaugurer le nouveau palais des sports et de remonter en triomphe la rue de la Gare, qui s’appelait alors la rue Joseph Staline. Même démonétisé depuis quelques temps au pays des Soviets, le Petit Père des Peuples avait gardé la cote auprès des communistes de notre ville.

         Pour Youri, avec le recul, on peut dire que le secrétaire général du PCUS et le maire d’Hagondange avaient mis le paquet. Musique, pompiers en grande tenue faisant la haie, majorettes aux cuisses déjà intéressantes à mes yeux, édiles en écharpes, camarades au brassard rouge et la population au complet avaient été convoqués pour ce jour de fête et de fierté municipales.

         J’ignore combien nous étions à regarder le petit homme marcher fièrement sur notre asphalte. Mais ça faisait du monde. Il se frayait difficilement un chemin parmi nous, sous les vivats. Il souriait dans son bel uniforme de chœur de l’Armée rouge. Je l’ai suivi avec mon frère à travers nos rues.

         Il se recueillit d’abord au cimetière sur la tombe étoilée de Russes morts dans le coin pendant la guerre. J’ignore toujours comment et pourquoi cette poignée de courageux Soviétiques a échoué, pour mourir et reposer éternellement, dans notre région. Mais on avait dû l’expliquer à Youri : il s’immobilisa dans un silence adéquat, fit disparaître son sourire et salua martialement pendant les hymnes.

Ce moment d’émotion passé, il reprit sa marche triomphale au milieu de la foule toujours maintenue à distance par nos pompiers en grande tenue. Moi, j’étais là. Pas loin de celui qui était allé si près des étoiles.

         Soudain, le protocole se brisa.

         Monsieur Gagarine s’avançait à présent vers le petit groupe dont je faisais partie. Un copain culotté lui tendit un stylo. Il se mit à signer des autographes sur les mains et les bras de la jeunesse d’Hagondange. Cela dura au moins deux minutes avant que quelqu’un lui dise quelque chose en russe, ce qui l’encouragea à reprendre sa place officielle. J’eus juste le temps de recevoir de lui une poignée de main. Une petite main potelée. Potelée mais ferme. Je le laissai continuer sa route et rentrai chez moi pour le dire à mes parents : j’avais touché le héros de l’humanité.

         Youri est mort quelques années plus tard. En héros bien sûr. Nous ne nous sommes jamais revus.

gagarine 1

 

Thierry LENTZ

Directeur de la Fondation Napoléon, Paris

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 17:23

AG Histoire Locale Hagondange 001

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